Quand les parisiens de naguère
voulaient partir pour pas cher,
vers des paradis lointain,
y'avait l'métropolitain.
En première cla**e,
on croisait des femmes la**es
d'un mari trop souvent partit
aux colonnies.
Sous la voilette,
hésitante puis coquette,
elle vous livrait son nom,
entre Etoile et Nation.
Il y avait des divans profonds
et des lits pleins d'odeurs légères.
La conception des wagons
était signée Beaudelaire.
En première cla**e,
y'avait toujours de la place,
derrière de lourdes tentures,
pour faire l'amour
à des pa**antes
prisent de pa**ions violentes
qui disparaissaient à jamais
à Châtelet.
On y buvait du vieux Bordeaux
en compagnie d'Appolinaire,
qui sortait d'chez Pica**o
pour s'en aller faire la guerre.
En première cla**e,
du côté de Montparna**e,
un ivrogne répugnant
emmerdait les gens.
"Ah, quelle misère!
Sortez-le! Faites-le taire!
Je vous maudit",
répondait Modigliani.
De Bagdad jusqu'à Ispahan,
il n'y a que mille et une nuits,
avec mille et un changements
dans le métro à Paris.
Shéhérazade,
après un soupir malade,
nous racontait un conte
qui se décomptait
de nos vies brèves,
car chaque station du rêve
nous rapproche un peu plus
du terminus.
Aujourd'hui, tout a bien changé,
quand le parisien veut rêver,
il prend un minable ticket
pour claquer sa paye chez Mickey.
Les premières cla**es
finissent leur vie à la ca**e.
Dans cette histoire,
on s'est encore fait avoir.
C'est dégueula**e,
tant qu'à supprimer une cla**e,
c'est la seconde qu'on aurait dû
foutre au rebut.
Quand les parisiens de naguère
voulaient partir pour pas cher,
vers des paradis lointain,
y'avait l'métropolitain.
Ti la la la la, ...