Quelle triste fin, en vérité
Que de mourir en plein été
Au milieu des arènes de Nîmes
Pour avoir lâchement reçu
Un coup de corne dans le cul
Donné par un taureau infirme
On s'était dit «Y'a pas d'danger
Il est tellement handicapé
Qu'il ne tient plus sur ses trois pattes
On a qu'à choisir celui-là
Pour les débuts d'Manoletta
Playboy de la région Rhône-Alpes»
Aussi, le jour de la feria
Quand le taureau se présenta
Face au toréador en herbe
Celui-ci planta son épée
Dans l'échine du bovidé
Et lui tourna le dos... «Superbe!»
Des gradins monte une clameur
Qui se change en cri de stupeur
Tandis que l'animal docile
Réveillé par ce stimulus
Emporte l'autre par l'an*s
Et le promène dans toute la ville
«Ô, tristesse! Ô, désolation!
C'est pire qu'une révolution»
Semble dire la cité qui vibre
De haine à l'égard du taureau
Qui a l'air de dire aux badauds
«J'ai encore une corne de libre»
Puis, la**é par ce petit jeu
Il abandonne le jeune merdeux
Dans une poubelle municipale
Et s'en va tout gai, tout joyeux
En boitant certes encore un peu
Revoir sa Camargue natale