La Méditerranée médite Au destin de ses amoureux Aux cimes, aux cités interdites À la peau des labours ocreux À sa robe de soirée bleue Au plafond nu de son dancing Aux belles, aux cavaliers frileux Qui chevauchent son dos de cygne (Au vent, aux gouttes d'eau bénite La Méditerranée médite) Aux marins, à leurs noirs manteaux À leurs brûlantes cicatrices Aux voiles chargées de l'écho Des alizés qui les pétrissent À l'écume qui borde sa robe Aux colères de Poséidon Aux perles suspendues aux lobes Des sirènes et au grand pardon (À toutes les prières dites La Méditerranée médite) Au peuple de ses châteaux forts À la reine des Sumériens Au trésor perdu des amphores
Aux ailes qui lèchent ses reins Aux planètes, à d'autres déserts À d'autres Méditerranées Aux cris des mouettes traversières Aux algues teintes de henné (Aux prophéties jamais écrites La Méditerranée médite) Aux sentiers longeant son ba**in Aux boucles noires de la Sicile Aux nageurs échoués sur ses seins Gravissant le téton des îles À l'humble flaque des ruelles Qui repousse son territoire Qu'on entraîne sous nos semelles Pour l'enfanter sur le trottoir Aux avions qui laissent à la ronde Leur signature de fumée De quatre cent mille ports du monde Au seuil des maisons parfumées (Aux cœurs simples qui les habitent La Méditerranée médite)