Contre quoi, contre qui tu luttes Dans tous tes remous, jolie mer ? Le vent qui soulève ta jupe Ou bien l'étincelle première Celle qui creusa ton ba**in Et dessina tes yeux liquides Notre Dame de tous les saints Main transparente qui nous guide Dis-moi pour quoi, pour qui tu danses Dans ta crinoline d'écume Quand ton ventre bleu se balance Aux rencarts secrets de la lune Chaude nourrice au lait salé Je viens dormir sur ta poitrine Semant sur mes pas tes galets Pour ne pas perdre mes racines Pour qui, pour quoi de tes abîmes Fais-tu monter de vagues fugues Toi qui baises toutes les rimes Et qu'aucun verbe ne conjugue Sais-tu pour quoi, pour qui chanter La berceuse des marins morts D'avoir voulu trop enfanter Les délices de tous tes pores Accoucheuse de nos naufrages Réinvente nos vieilles îles Au désert de toutes tes plages Ramène nos âmes fossiles Dans l'ivresse des tourbillons Où toutes nos bouches vont boire
L'amertume de ton bouillon La douceur de ton désespoir (Petit, je te berce Verse tes averses Au creux de mes bras) Petit, je te berce Verse tes averses Je suis ton berceau Et serai ton dernier drap Dis-nous pour quoi, pour qui encore J'entends battre ton pouls, la mer ? À tes cieux j'élève une amphore Emplie de raisins millénaires Dis-nous si les reflets se peignent Sous le phare, l'étoile ou la lampe Je voudrais peindre des sirènes Qui chevauchent des hippocampes De qui, de quoi tu peux mourir ? Du volcan qui crache ses braises Ses éclats de feu et de rires Dans la gorge de tes falaises Ou des veines du paquebot Qui pa**e en crachant son sang noir Ou des larmes du vieux Léo Qui ressuscitent ta mémoire ? (Petit je te berce Verse tes averses Au creux de mes bras) Petit je te berce Verse tes averses Je suis ton berceau Et serai ton dernier drap Tu es mon berceau Et seras mon dernier drap