Je résisterai tant qu'il y aura sur le mur une page blanche et que les doigts de mes mains n'auront pas fondu. Quelqu'un tape. Un message sur le mur.
Ces fils sont devenus sont veines, les veines de ces murs, tout notre sang se déverse dans les veines de ces murs.
Un message à travers le mur: ils ont fermé une autre cellule.
Ils ont achevé un prisonnier.
Ils ont ouvert une autre cellule.
Ils ont amené un prisonnier.
Au milieu de la journée.
Ils ont posé devant moi le papier, ils ont posé devant moi le crayon, ils m'ont mis dans la main la clé de ma maison.
Le papier qu'ils ont voulu souiller à dit: résiste.
La clé de la maison a dit: au nom de chaque pierre de ton humble maison, résiste.
Quelqu'un tape sur le mur c'est le message d'une main brisée qui dit: résiste.
Et la pluie tombe martelant le tout de la salle de torture chacune de ses gouttes crie: résiste.
Apres le coucher du soleil.
Personne n'est avec moi, personne n'entend la voix de cet homme, personne ne le voit, chaque nuit, quand les murs et les portes se ferment il sort de mes blessures qui saignent et marche dans ma cellule.
C'est moi, il est comme je suis je le vois tantôt enfant, tantôt à mes vingt ans, il est mon unique consolation, mon amour unique, il est la lettre que j'écris chaque nuit, le timbre-poste que j'y colle pour qu'elle aille au vaste monde à la petite partie.
Cette nuit je l'ai vu sortant de mes blessures, triste, éperdu, torturé marchant en silence, ne disant rien, comme s'il disait «tu ne me verras plus si tu avoues, si tu écris».