Je regarde la vie comme une plume de héron
Et souvent je m’enfuis devant les guerres grotesques
Que se mènent sans répit les fantassins du vide.
Comme si battre les cœurs était la solution
Comme si les visages gris n’avaient pas de prénom
Comme si ne pas pleurer pouvait rendre moins con.
Un oiseau quitte le fond des errances de l’abime
Il emporte avec lui les passés qui répriment
Et change au point du jour les tourments en chanson
Et son long bec déplie des sourires tellement bons
Que la mer s’élargit jusque dans ma poitrine.
Aujourd’hui il a plu de splendides crayons
Et ils ont coloré la cage qui m’habite
J’ai même vu un barreau se changer en rayon.
Comme si la légèreté tombait droit des nuages
Le jour de vérité où l’on sent des mirages
Comme si la grande beauté de ce monde insensé
Avait tout embrassé de mes boues de damnée.
Un oiseau quitte le fond des errances de l’abime
Il va vers la jouissance, les rêves et la beauté
Il a changé ma vie ce brave oiseau poli
En terminant d’envie ma solitude ainée
Il l’a privée de leçons et m’a rendu la vie
Ne pas mourir demain
Comme si un jour de plus la très libre expression
De cette joie si tendre pour mon corps de salon
Allait combler encore le fossé sous mes seins
Si grand que même la mer ne savait plus quoi dire.
Dans la paix lumineuse d’une soirée du mois de juin
J’aime
Comme si la ténébreuse n’avait pas existé
Comme si l’amoureuse avait tout remporté.
Comme si l’amoureuse avait tout remporté.
Un oiseau quitte le fond des errances de l’abime
Comme un bruit de papier qui m’aurait réveillée.