[Tiers Monde]
J'ai pas eu l'choix entre 4 murs et 4 planches
Depuis l'temps maintenant j'crois qu'la mort serait plus tendre
J'ai vu des surveillant crachant dans la bouffe
D'autres pissant dans la bouche de détenus en sous vêtements
Je souhaite en ce moment qu'ils se rappellent pas d'moi
Impressionnant comme la cruauté de l'homme n'a pas de loi
Apparemment c'est mon tour, la porte s'ouvre tout doucement
Hamdoulilah c'n'est q'un arrivant
Il est en piteux état, et homme blanc
Moi le noir je te laisse le matelas
[Brav']
Merci jeune homme mais vous ne restez pas ainsi
Prenez au moins cette couverture elle vous évitera le pire
Car le sol est recouvert de verre brisé
Déjà qu'j'vous prive d'un lit je voudrais pas vous voir aussi vite blessé
[Tiers Monde]
Il en a plus besoin qu'moi ce blanc bec
Joue le mec différent mais je reste méfiant
Il me raconte qu'il y a une heure il était interrogé
Que l'oppresseur tient vraiment à le faire parler
Il me raconte la douleur d'avoir été torturé
Il me raconte que jamais il n'a parlé
[Brav']
Jamais le Reich ne m'attachera en laisse
Jamais j'n'accepterai de coopérer avec l'unité SS
Sur des faits qu'ils tentent de me faire signer
Ou il est dit qu'ce sont les troupes sénégalaises qui ont tué
Sans raison des pères des fils, violé des femmes de filles
Éventré des nourrissons mais j'reconnais les manières nazies
Donc j'tiens ma langue jusqu'au bout sans bouger
Ni douter de l'innocence africaine, même les coups qu'ils me foutent
N'obtiennent de moi que le silence plutôt mourir
Debout pour la France que de vivre à genou devant les Allemands
Voilà pourquoi j'me retrouve avec toi enfermé
Baignant dans mon sang pour avoir tenu tête à la race arienne
C'est seulement mort que mon combat s'arrêtera
Donne mon corps pour mon pays tant que l'honneur reste avec moi
Et toi dis-moi pourquoi ils te retiennent détenu
Entre les murs de cette cellule si puante et lugubre
[Tiers Monde]
Je suis un soldat noir de la France
Originaire du Sénégal dans le nord de la Casamance
J'suis le père d'une famille immense
J'demandais rien à personne j'ai perdu mon honneur je l'pense
Recruté de force par mon chef de village
J'ai atterrit à poil devant l'toubab qui m'appelait le sauvage
Apparemment il était toubib
Il a pas du comprendre les pages de sa bible
Officiellement officier j'étais fier d'quitter mes terres
De traverser le désert à pied
J'ai embarqué sur le port d'Alger
Des Arabes aussi étaient engagés
Mais arrivé à Toulon j'marchais au pas
Vu ma couleur les soldats français me saluaient même pas
J'te jure qu'ils m'accepteront
Car la mort ne trie pas les couleurs qu'il y a sur le front
Ça fait maintenant plusieurs jours qu'nous combattons sur le champ d'bataille
De Cha**eley tout près de Lyon
J'me suis écarté du groupe car j'avais plus d'munition
Et c'est là que mes chefs ont déclaré l'abandon
J'ai simulé un cadavre parmi les corps dissimulés
Mes commandants blancs étaient humiliés
Séparez les chrétiens blancs de ces têtes de nègres
Voilà c'que dit une voix allemande d'un ton tristement funèbre
Et là je les ai vu mitrailler les tirailleurs
Écrabouiller sous les tanks les corps qui respiraient encore
Je les ai vus puis j'ai fuis sous les bruits de leurs rires
Et toi, qui est-tu ? Crois-tu être prêt à mourir ?
[Brav']
Moi c'est Jean Moulin et j'ai 41 ans
Officiellement préfet de Chartres officieusement membre de la résistance
Fondateur d'plusieurs d'milices et groupuscules
Mon statut d'homme de loi en fait c'est tout autre qu'il dissimule
J'ai sous mon parcours politique une politique dramatique
Où les armes sont les clefs d'la liberté
J'combat comme toi mais dans un réseau clandestin
Où la lutte se fait dans l'ombre histoire qu'la lumière brille enfin
Sur les jours d'ma patrie, martyrisé par les Boches
Si seulement j'avais la force je les mettrais en morceaux
Pour la terreur qu'ils infligent
Pour les peuples meutris
Mais vois-tu l'engagement que j'ai envers c'pays que j'aime
J'le fais parce que je l'aime pas pour qu'on donne mon nom à celle d'une rue
C'est pas mon but j'ai juste par orgueil
Envie de leur survivre que de partager leur cercueil
J'espère aussi qu'après tout ça justice soit faite
Pour mes frères francophones déracinés de leurs terres
Morts dans une guerre qui n'était pas la leur
Morts pour que vive un autre en s'fichant d'sa couleur
Même si demain les coups finissent par mettre à terre
Me font oublier que j'ai mal jamais j'oublierai de me taire
Car pour le fondement de mes valeurs je souhaite
Mourir comme un homme que de vivre en déshonorant la bannière tricolore
Mais pas seulement pour son symbole
Pour la Liberté des hommes, pour l'égalité des hommes
Pour la fraternité qu'tu m'as montré entre les hommes
Pour tout ça tant qu'mon cœur bat encore j'portrai les armes
Et puis merde, ils ne m'auront jamais
J'préfère que ma vie cesse que lèvres dévoilent ce que je sais
J'ai si peur que ma bouche me trahisse
Ce morceau de verre brisé est ma seule porte de sortie
Excuse-moi pour c'que j'vais faire
J'te dis adieu et je quitte cet enfer