C'était dans les années soixante
J'ignorais tout de l'art de la chanson
J'ai entendu les tiennes à la radio de la cuisine
Je n'ai pas compris un seul mot - mais j'en ai saisi toute l'émotion
Une môme, née dans la rue, dans la misère la plus noire
A conquis le monde entier dans un tourbillon
A conjuré l'amour, la vie et l'espoir
Et a remis tout le reste en question
Dis, Edith, est-ce bien vrai, que nos chansons
Reflètent nos vies
Que, le temps d'une chanson, le monde vacille?
Et, que finalement on est condamné
A vivre ce qu'on vient de chanter
Ta chanson, chère Edith, n'a à ce jour pas pris de ride
Et éternel est son message
Profiter de la vie, sans regrets ni remords
Quitte à boire jusqu'à donner sa peau en gage
"Non, je ne regrette rien", tu l'as chanté
Tu n'as pas connu le regret du lendemain
Tu as, sans relâche, bravé ta destinée
Ni rupture, ni chute, tu n'as craint
Oh, Edith, lorsqu'on chante sa propre vie
La scène vacille et la terre part en toupie
Et à tout jamais on est condamné
A vivre ce que l'on vient de chanter
Tu n'as jamais chanté de mièvres contes de fées
Mais plutôt de putes et de gueux
Vu, comme tu les connais, je crois en effet
Que tu régnais sur eux, en secret
"Le ciel peut s'effondrer et la terre s'écrouler
Si tu m'aimes, je me fous du monde entier"
C'est dans "l'Hymne à l'amour" que tu l'as chanté
Et ça vaut jusqu'au jugement dernier
Oh, Edith, on ne peut que c' qu'on a vécu chanter
Et la terre doit à chaque fois trembler
Finalement, Edith, on est bien condamné
A vivre ce qu'on vient de chanter