Le général de Gaulle dans la cinquième dimension
Moi Général de Gaulle à Londres je m'ennuie
Je suis plein de brumes et de frimas
Il me manque une brune
Qui remplisse de rires et de soupirs mon lit
À Londres, moi Général de Gaulle, j'envie
Jack l'éventreur, qui lui s'amusa
Plein de femmes, de sang et de joie
Mais bon, c'est la vie !
Je ne m'en fais pas, c'est décidé, je pars à Tahiti
Et de Gaulle plonge dans la Tamise
Dans l'eau froide avec volupté il avance
Il pa**e la Manche, l'Atlantique, Panama, le pacifique
Où dans les tempêtes il chevauche quelques baleines folles
En hurlant Vive la France
Et enfin Tahiti !
Il s'échoue, secoue sa grande carca**e
Emet en place ses galons et son képi
Et d'un pas décidé part vers la ville
Il n'a plus de mémoire
Il a tout oublié
Il est libre
Mystérieusement la nuit tombe
Il se dirige vers le quartier chaud
Et entre dans le premier cabaret
Où l'on propose un show international
Là, des girls polyglotes font leur sale boulot
Et des garçons aux mines louches
Débouchent des magnums de champagne
Moi, Général de Gaulle, je suis heureux
Je m'amuse entouré de call-girls amoureuses
Je claque mon pèze et soupèse
Les fesses de quelques danseuses françaises
Qui font leur numéro
À minuit on l'emmène au premier étage
Où dans les bras d'une chinoise
Il retrouve enfin ses sens, son corps
Son s**e et son appétit
Plus tard dans la nuuit, de Gaulle est saoul
Perdu dans ses pensées il se rappelle ce rêve
Où il enfonçait un poireau dans la trompe d'une éléphante
Qui barrissait de plaisir alors que lui-même hurlait des obscénités
De sa main libre lançait des régimes de bananes sur l'armée française
Mais quelque chose de très doux le frôle
Et le sort de sa somnolence
Il se retourne et c'est le choc
Une explosion atomique
Une désintégration sensuelle
Yvonne, Yvonne est là devant lui
Chaude et animale
Féline, merveilleusement féminine
Leurs regards se croisent et déjà il n'y aplus rien à dire
Il se lève pourtant et lui offre une cigarette
Il tremble, il lui allume la cigarette
Et l'invite à danser
Les musicien jouent une valse lente et fausse
De Gaulle danse mal et son grand corps
Dégingandé écrase les pieds d'Yvonne
Main dans la main ils vont sur la terra**e
La nuit est belle et chaude
En bas dans la baie on aperçoit quelques dauphins, quelques baleines
Qui s'ébrouent joyeusement au clair de lune
Il les montre du doigt avec un grand rire bête
Ils se murmurent des mots d'amour
Et leurs lèvres se frôlent sans se toucher
Etase de la nuit, frisson de toujours
La musique est plus lente et plus pénétrante
Ils défaillent, oui, c'est la mélodie du bonheur
C'est la chanson de l'amour
Soudain, tel un chien d'arrêt de Gaulle se raidit
Ses oreilles se dressent
Ses narines fremissent, car elles sentent le danger
Dans la nuit, un bruit mécanique
Et c'est Goebbels entouré de ses valets diaboliques qui apparaît
Les nazis sont là ! La furie, la tuerie !
Le sang gicle, les têtes tombent
Les femmes hurlent des malédictions
Mais de Gaulle a le sens du devoir
Il repousse avec tendresse Yvonne
Et il rue dans les brancards
Il monte sur le podium, arrache le micro
Du chanteur agonisant et tout d'un coup
Sa belle voix profonde résonne dans le dancing
Appel aux Français
Le 18 juin 1940
"Cette guerre n'est pas limitée au territoire malheureux de notre pays
Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France
Cette guerre est une guerre mondiale
Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances
N'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers
Tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis
Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir
Par une force mécanique supérieure
Le destin du monde est là
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi
Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la Radio de Londres."
Alors comme par magie les nazis disparaîssent
Comme des fantômes ils s'évanouissent
Et retournent au néant d'où ils viennent
C'est de la magie pure
Dans le cabaret c'est le silence
Puis on entend un rire
Alors le général de Gaulle exulte, il hurle
Vive l'univers, vive le whisky
Vive le mystère, vive la vie
Vive moi
Sa belle tête est auréolée de lumière
L'orchestre joue une marche joyeuse et funèbre
Yvonne s'approche et lui offre un baiser
La fête reprend, tout le monde est saoul
De Gaulle, qui a les yeux fous, porte un toast
"Moi Général de Gaulle, je peux dire
Que la vie c'est du gâteau
J'ai mangé ma part, c'était bon et chaud
Maintenant il est trop tard, adieu et merci."
Et sa grande silhouette s'enfonce dans le noir
Yvonne n'a plus d'espoir, elle pleure comme une petite fille
L'histoire dit que le Général finit sa vie en Chine
Où avec un vieux chinois il monta une fumeire d'opium
Il vécut très vieux, très heureux
Et, dans les vapeurs de la drogue
Ses derniers mots furent :
"Mais le dernier mot est-il dit ?
L'espérance doit-elle disparaître ?
La défaite est-elle définitive ?
Non !"