Quand les océans franchiront les landes
Et que les volcans brûleront des cendres
Quand même le ciel ne tiendra plus debout
Et qu'il tombera pêle-mêle en milliard de cailloux
Quand auront fondus les grands glaciers du Nord
Il ne restera plus ni frères, ni feu, ni réconfort.
Quand même les oiseaux nous croirons devenus fous
D'avoir noirci les eaux, blanchi les forêts d'acajous
Quand on aura creusé si profond la terre
Et qu'on aura vidé la dernière bouteille d'espoir
Quand auront fondus jusqu'aux neiges éternelles
Il ne restera plus ni vent, ni vie, ni étincelle.
Quand on aura noirci jusqu'au souffle du vent
Qu'il soufflera sa suie sur tous les continents
Quand tout sera fini plus même un soupçon de chance
Pas même le goût d'un fruit qui danse sur la langue
Quand auront fondus le dernier rêve et la romance
Et qu'il ne restera plus qu'un lourd manteau de cendres
Malgré notre histoire, malgré qu'on ait vécu pour vrai
Si on ne laisse que du noir, dans le noir tout disparait.
Les amitiés sincères, le silence du matin
Aimer dans la lumière l'étoile de ses gains
Le chant des oiseaux, le vent sur la peau
Bercer son enfant, la valse à mille temps
Les couleurs de matis, pis la musique de Mozart
Le parfum des épices, le bonheur des départs
Les Noëls en familles, pis les vacances à la mer
Toutes les étoiles qui brillent, les poèmes de Beaudelaire
La voix d'un ami, les feuilles au printemps
Les aurores dans la nuit,
Ce qui nous rend vivant.