Perceval et Karadoc sont a**is à une table de la taverne ; ils boivent un verre. Le tavernier arrive avec une a**iette de boulettes de viande. LE TAVERNIER : Tenez, deux trois boulettes de viande pour faire pa**er la boisson. C'est cadeau de la maison. KARADOC: Ah bah merci… LE TAVERNIER: J'aime bien quand vous êtes là. Les gens se sentent en sécurité et puis la présence de grands Chevaliers, c'est prestigieux ! Perceval et Karadoc, persuadés qu'on ne parle pas d'eux, cherchent alentours à qui ces compliments sont adressés. GENERIQUE Scène 1 La taverne s'est vidée. Perceval et Karadoc sont les derniers clients. KARADOC: On va vous laisser fermer, patron ! LE TAVERNIER: Pensez, vous me dérangez pas ! PERCEVAL (finissant son verre) Non mais quand même, on va prendre du souci. LE TAVERNIER: Vous voulez qu'on se fa**e un cul de chouette ? Perceval ne comprend pas de quoi il s'agit. KARADOC: Ah oui, tiens ! C'est pas une mauvaise idée… PERCEVAL: De quoi ? KARADOC: (à Perceval) Enfin, je sais pas, c'est si vous avez le temps… PERCEVAL: Mais le temps de quoi ? KARADOC: Ben on se fait un petit cul de chouette, vite fait et puis on rentre… PERCEVAL: Un petit cul de chouette mais comment vous voulez dire…? Le tavernier amène deux dés à jouer et s'a**ied à leur table. LE TAVERNIER: Allez, ça nous détendra. (donnant les dés à Karadoc) A vous de faire. KARADOC: C'est parti. (jetant les dés) Ah, je commence pas fort. Un bleu-rouge. PERCEVAL: Un bleu-rouge ? LE TAVERNIER: Et ben quoi ? PERCEVAL: Mais c'est quoi que vous faites là ? LE TAVERNIER: Ah mais je suis bête vous devez jouer avec les règles à l'Aquitaine, vous ! PERCEVAL: De quoi ? Scène 2 Karadoc et le tavernier sont à fond dans la partie. Perceval est complètement largué. LE TAVERNIER: (jetant les dés) Hop ! Cul de chouette ! KARADOC: C'est pas vrai ! C'est plus de la chance, là ! LE TAVERNIER: Celle-là plus les deux de tout à l'heure, je monte à quarante-quatre ! (à Perceval) Qu'est-ce que vous faites, vous relancez de quinze ? PERCEVAL: (perdu) De quoi ? KARADOC: C'est pas votre intérêt ! Vous êtes en-dessous de de plus de trente, autant tirer les dés à la normale ! LE TAVERNIER: Ah mais l'influencez pas ! KARADOC: S'il-vous plaît ! Vous savez bien qu'avec les règles à l'Aquitaine, on joue pas au score ; il a pas l'habitude. LE TAVERNIER (à Perceval) Bon ben allez, jouez. Perceval lance les dés. Les autres sont surpris par le score, ils retiennent leur souffle et attendent visiblement quelque chose de Perceval. KARADOC: Et ben ? PERCEVAL: Et ben quoi ? LE TAVERNIER: Vous dites pas “cul de chouette” ? PERCEVAL: “Cul de chouette” ? LE TAVERNIER: Voilà ! PERCEVAL: Bon ben “cul de chouette”. Les deux autres le regardent avec étonnement. KARADOC: Attendez, vous doublez ? PERCEVAL: De quoi ? LE TAVERNIER: Je vous préviens avec un en-dessous de trente, la doublette, si elle pa**e pas vous êtes sorti du jeu… KARADOC: Allez-y si vous le sentez… C'est risqué. LE TAVERNIER: (tendant les dés à Perceval) C'est vous le patron. Perceval tire les dés. À la mine des deux autres, le coup est raté. KARADOC: Ouais… C'était risqué. LE TAVERNIER: C'était quand même beau de le tenter. KARADOC: (désolé, à Perceval) Bon ben voilà. Du coup vous sortez du jeu. LE TAVERNIER: C'est la règle… C'est dommage ! PERCEVAL: Ouais, c'est dommage, c'était drôlement bien… Scène 3 La partie est terminée. LE TAVERNIER: Et voilà, allez, ce coup-ci on va se rentrer… KARADOC: C'est bien une petite partie de temps en temps… PERCEVAL: Si on se faisait une grelottine ? LE TAVERNIER: Une quoi ? PERCEVAL: Une grelottine, c'est un jeu du Pays de Galles. KARADOC: Je connais pas. PERCEVAL: C'est facile. On peut jouer soit avec des haricots, soit avec des lentilles. Le premier qui annonce la mise, il dit mettons : “lance de seize” ou “lance de trente-deux” ou une quadruplée comme on appelle, c'est une “lance de soixante-quatre”. Parce qu'on annonce toujours de seize en seize, sauf pour les demi-coups. Là, celui qui est à sa gauche, soit il monte au moins de quatre, soit il pa**e il dit : “pa**e-grelot”, soit il parie qu'il va monter au moins de six ou de sept et il peut tenter une grelottine. À ce compte-là, il joue pas, il attend le tour d'après, et si le total des mises des deux autres suffit pas à combler l'écart, il gagne sa grelottine et on recommence le tour avec des mises de dix-sept en dix-sept. (…) Donc mettons le suivant, il annonce une quadruplée, donc là elle vaut soixante-huit, il peut contrer ou il se lève et il tape sur ses haricots en criant “grelotte, ça picote !” et il tente la relance jusqu'au tour d'après. Long silence. LE TAVERNIER: Le problème, c'est que j'ai ni lentilles, ni haricots. PERCEVAL: Ah merde… GENERIQUE FIN KARADOC: Dites, quand il parlait de notre prestige, tout à l'heure… PERCEVAL: Et ben ? KARADOC: À votre avis, il était sérieux ou il se foutait de nous ? PERCEVAL: D'un autre côté, il y a que des clodos dans son boui-boui. C'est pas compliqué d'avoir du prestige ! KARADOC voix off : Moralité : pour notre prestige, on devrait pa**er plus de temps au milieu des clodos.