J'irai à l'Elysée brûler ma carte de résident Avant qu'les kisdés n'réalisent, j'aurai kidnappé la femme du Président Je l'emmènerai dans ces coins sordides Où les Français vivent la mort au bide L'esprit plein d'idées morbides Je lui collerai un voisin taré Cinq gosses dans un quarante mètres carré Comme un papillon, je lui couperai les ailes Le Président dira que ça pue chez elle Elle aura un mari au chômage depuis deux ans Jean plein de poches, rien dedans Elle vivra l'esprit torturé comme par une rage de dents Je lui ferai la peau mate, couleur sombre, que les flics matent Grillée jusqu'à l'épiderme, sa vie en portera les stigmates Elle vivra comme elle peut parce qu'elle aura pas d'taf Elle vivra d'rien parce qu'elle aura pas d'fafs Je verrai sa gueule quand elle verra le système et ses vices Quand on travaille dix heures, comment n'pas laisser traîner ses fils? Décors sinistres, des appels au secours au Ministre La haine en elle s'administre Ses mômes rament, ses mots riment, le sh** crame Pas de fumée sans feu, pas de désespoir sans crime Un gosse mort comme Clyde Barrow Un autre derrière les barreaux Le plus jeune tombe pour une Marlboro Son quotidien: prisons pleines, journal du soir, crise en thème Son jardin secret: un champ de chrysanthèmes Son mari meurt d'une crise d'asthme Le SMIC pour survivre, un fantasme Elle gagnera son pain au détour d'un orgasme Elle pleure, un boulard souille son honneur Elle saura pourquoi mes textes respirent le bonheur Charentaises, Nike rose meringue Prose de poudre blanche Sa vie écrite à l'encre d'une seringue E puis je l'emmènerai au sommet d'une tour Contempler sa nouvelle vie Et je la laisserai là, seule devant le vide Seule devant le vide Kidnapping Et je la laisserai là, seule devant le vide