Frédéric Deville - J'ai 35 ans lyrics

Published

0 121 0

Frédéric Deville - J'ai 35 ans lyrics

J'ai trente-cinq ans et j'n'en reviens pas Disons qu'ça n'veut rien dire pour moi, si c'n'est l'fait Que j'commence à apprivoiser ce corps capricieux et mutant J'accepte la trahison d'la peau, des cheveux J'multiplie d'ailleurs, avec plus ou moins d'succès, les expériences parapharmaceutiques à base de shampoing antipelliculaire traitant, à la menthe ou au musc Selon les soirées arrosées ou non J'apprécie les cures revitalisantes Les jets d'bouleau ou d'arbousier J'aime l'idée d'un jet de Kärcher pour le corps, des poumons jusqu'à l'estomac En pa**ant par le gros intestin dont ma paroi doit être semblable aujourd'hui à des planches poreuses et merde J'devrais quand même penser à autre chose Notre appartement est calme, donne sur une rue en sens unique Bordée d'platanes Torturés jusqu'au moignon par des cantonniers sans scrupules La mairie a d'ailleurs décidé d'les abattre, je veux dire les arbres Pour des questions d'sécurité À cause de l'alcool, des voitures, ou d'la téléphonie mobile Les voisins se sont rapidement mobilisés Ainsi qu'une poignée d'écologistes En défilant devant la mairie Brandissant des calicots Où il était question, au feutre vert, de citations orientales sur la nature et les arbres Des landaus plus ou moins cossus les accompagnaient Donnant au convoi un caractère agréable Sincère et printanier Nous n'avons pas osé nous joindre à eux Pourtant, il y a quelques mois d'cela, j'étais monté pour la première fois jusqu'au dernier étage de l'immeuble pour a**ister à une pendaison d'crémaillère J'avais longuement hésité, car mon indifférence envers mes voisins d'palier m'a souvent donné raison Vivre en appartement, c'n'est pas seulement apprendre les règles, mais en imposer Il faut maintenir la distance animale nécessaire Se contenter d'un bonsoir dans l'escalier Ou d'une modeste an*lyse météorologique Ce soir-là, j'n'avais tout simplement pas envie d'être seul avec elle Surtout lorsqu'on entend des rires dopés au champagne ont traversé l'papier à cigarette Qui m'sert de plafond J'avais discuté un moment avec un type du quatrième Qui cherchais depuis un certain temps un emploi Et sans aucun doute de la compagnie Nous étions tombés d'accord sur l'fait que la piscine n'était pas si loin Qu'il fallait dorénavant prendre soin d'nous Puisque pendant notre jeunesse, on en avait bien profité J'avais par conséquent proposé, à deux c'est plus stimulant Des séances de dos crawlé, de bra**e papillon, de préférence en soirée Pourtant, les éclairages de piscine me révulsent La plupart du temps, les pulvérisations accidentelles de chlore dans les narines me brûlent les sinus J'ai tout naturellement laissé traîner les choses D'ailleurs, lui non plus n'm'a pas appelé Rien à foutre, depuis peu, j'ai recommencé à déconner