Planter là les bonnes gens et leurs sourires si doux: Voici l'impératif qui me dévore le ventre . Rejetant la pitié, je veux quitter le centre De l'attention sereine dont on pare les fous. Ô juges apeurés qui surveillez mes actes, L'illusion votre amie, sa main m'a refusée, Et je ne puis signer de mon sang votre pacte Car la terre a grand soif et je dois l'abreuver. Je devais fuir hier et ne suis aujourd'hui Que mon ombre égarée en retard sur moi-même. Vous n'avez rattrapé qu'une carca**e blême, Dont les os sont rongés par le froid et l'ennui. Veuillez me faire sortir de la lugubre geôle, Où les grands murs résonnent du fracas de ces poings Connectés, réflexifs, au néant de contrôle; Car d'asile je n'ai ni envie ni besoin. Pantins a**ujettis au devoir de vivre, Affectez l'apathie, rendez ma liberté; Que je puisse sortir, tout habillé de givre, De votre beau et grand royaume d'inanité! Mes pensées m'ont rongé; l'orifice est béant. Je vous prie chers amis de me laisser partir, A bord de ce bateau, ivre selon vos dires, Où mon esprit voguera jusqu'au seuil du néant. J'ai le regard lucide - celui qui vous effraie - Il ne faut jamais voir ces vérités qui blessent. Pour vous mieux vaut survivre, fût - ce dans la ba**esse, Edifier les mensonges pour en masquer le Vrai. Dès les premiers instants, c'est souffrance qu'est la vie. La vanité du jeu dévoile la déchirure; Et la perforation de l'hymen par le vit Engendre quelquefois une nouvelle blessure. La plus belle chose que l'on puisse souhaiter aux aimés Est de ne plus souffrir - donc de s'éteindre enfin - Mais ce souhait si fragile ne peut être que feint, Car l'on ne veut la mort des êtres estimés. Nous sommes des égoïstes, et nous préférons fuir Plutôt que d'envelopper l'aimé du dernier drap. Je veux ne plus vouloir. Laissez-moi donc partir! Ne soyez point jaloux, car votre tour viendra. Patience.