Oyez ci braves gens la complainte lointaine De deux petits canards chantant la liberté Qui furent crucifiés au nom de puritaines Convictions qui voilaient d'extrémistes fiertés. Il était en effet une communauté De cochons qui vivaient reclus en un domaine. Ils avaient pour discours un flot d'absurdités Et pour idole un borgne qui suait la haine. De leur ferme l'accès ne voulaient accorder A d'autres animaux s'ils n'étaient de leur race. Une jeune truie rose et un vieux ridé Manipulaient l'esprit de ce troupeau vorace. Quand vint à leurs oreilles le chant des deux trouvères, Le vieux plissa le groin et la truie déféqua Dans un torchon sa fiente aux relents délicats Qu'elle offrit en présent à tous ses congénères. Souillés, les canetons se laver désirèrent Et se dressèrent face aux mensonges d'iceux. Le jour du carnaval, la puissance grégaire Des porcs fit se gausser la horde des graisseaux. Eructée fut la gerbe de mauvaise foi, De haine et de mépris par la fosse sceptique Qui grognait et bavait en jurant quelquefois Que souffrait son honneur porcin patriotique La perle légitime son écrin a perdu. Elle se vend à ceux qui peuvent régler l'addition. Devenue privilège des riches dodus, Catin de luxe est la liberté d'expression! Il est temps aujourd'hui de briser le silence. Observons dans les rues le souffle décadent: Les propos des cochons ont entraîné violence, Ceux des canards, jamais, n'ont causé d'incident. Chaque animal une arme doit développer: La plume pour les uns, pour les autres la griffe. Moralité: penseurs qui traquez l'Oppressif, De cible prenez garde de ne vous point tromper.