Le portail de fonte Se dresse majestueux, Veillant, tel un archonte, Sur ce paisible lieu. Le silence ici pose, Sur le marbre luisant, Une porte de sang Qui est ? jamais close. Errant en mal d'horreur, Las, je tra?ne mon corps, Humain cern? de fleurs, Vivant, cern? de mort. Je me meus mon ami Sur ce drap de gravier, Dans cet endroit maudit O? suinte le sacr?. Parmi les s?pultures, Je recherche le havre O? gu?rit ta blessure, O? pourrit ton cadavre. Je me prosterne en pleurs Devant un petit tas De terre et de gravats, Symbole de douleur. " Dans le ciel il repose ! " M 'ont dit les hommes en robes, Ces malheureux microbes Qui font ?uvre de prose. Ces hommes veulent me faire croire Qu'il y a autre chose, Que tout est beau et rose Au bout du long couloir. Je ferme les poings et cogne La terre de ton abri, Toi, mon d?funt ami, Sperme devenu charogne. Pour toi tout est fini Et pour moi tout commence En mon ?me meurtrie, Condamn?e ? l'errance. Je go?te la souffrance Que m'inflige ? jamais Mon enfance envol?e Dans l'ombre de l'absence. Ayant perdu ta main, Je pousse mon fardeau, Affrontant le chaos, Sisyphe du chagrin.