[Couplet 1] Nous sommes au mois de mars, dans la chambre d'un hôpital Nos deux esprits souffrent mais il n'y a qu'son corps qui a mal Le can*l qui évacue la noirceur est bouché Il est affaibli, je suis touché, je suis a**is, il est couché Ce soir c'est sa première d'une longue série d'opérations On n'le sait pas encore, il y aura des complications On a bien fait d'insister pour qu'il prenne la télévision J'ai rarement traversé des silences aussi longs Quand j'ai appris ce qu'il avais, je traînais sur Broadway Je n'lui ai jamais dit qu'au fond de moi je m'en voulais Il fait face à un cancer à 74 ans Ses regards, ses mots, me font dire qu'à cet instant [Refrain (*8)] Il pensait qu'il pouvait mourir [Couplet 2] Il est alité depuis plus d'un mois, on est tous à cran On pense à Dieu, on se dit qu'il est grand parce qu'on est croyants Perdre tant de poids en si peu de temps, j'avoue c'est effrayant Mon neveu de trois ans a eu peur en le voyant Qu'est-ce que je hais cette chambre, je m'y suis habitué Les infirmières me semblent déshumanisées Je l'aide pour bouger, pour s'a**eoir, pour se lever Et on a eu une conversation dont je me serais bien pa**ée Il m'a dit tes sœurs sont trop sensibles, Alain on doit parler Voilà ce qu'il faut faire si quelque chose doit arriver Tu sais des fois en Afrique, les gens qui ont des accidents On les enterre au bord de la route pour gagner du temps, garder l'argent Vite, on ne visite plus une tombe à l'autre bout de la ville C'est naturel, il faut que les morts laissent les vivants tranquilles Il a toujours été le plus pragmatique de nous deux Il m'a dit s'il y a des obsèques, faites au moins coûteux [Refrain] [Couplet 3] De temps en temps, il y va de sa petite blague morbide Je le reconnais bien, ma sœur a le visage livide J'ai comme l'impression que ça le ronge comme de l'acide Que les perfusions le nourrissent moins qu'elles ne le vident C'est le petit paradoxe de tous ces moments rudes On sent qu'on est plus proches les uns des autres que d'habitude J'aurais grave besoin de noyer tout ça dans la tise Je reste près des miens, j'accompagne ma mère à l'église Je me dis que c'est le sort, quels que soient la vertu ou les péchés Quand j'arrive, très souvent il dort encore ou il fait des mots fléchés Pour venir je prends le bus, non j'avoue ce n'est pas très rapide Dieu merci il a plutôt bien supporté sa chimiothérapie Je le regarde, dehors la pluie tombe toujours Je ne sais pas encore qu'il va me faire écrire ma première chanson d'amour Il m'a dit tu sais, ce truc-là a déjà frappé ton grand-père Fais des examens, c'est peut-être héréditaire [Refrain]