Tous ces anges déchus Qui éparpillent ici une partie de leur vie Qu'ils n'ont jamais vécu Je les revoit encore S'accrocher au comptoir D'un futur dérisoire Que le présent dévore Et la nuit les emmène Où ils n'iront jamais Les mensonges sont si vrais Quand on s'en donne la peine Les verres à moitié pleins N'effaceront pas le vide De ces regards humides Perdus dans le lointain De ces ombres en sursis Bouffées par l'existence Il nous reste le silence D'un navire englouti Dans leur portefeuille Traîne une photo d'avant Quand ils étaient vivants Quand ils disaient je t'aime Quand vient le dernier verre Ils posent, résignés Un vieux billet froissé A côté de leur bière Sans un mot, ils s'en vont Comme ils étaient venus Ces soldats inconnus Ces forçats du canon Alors ils disparaissent Dans la nuit avancée Cherchent désespérés A prolonger l'ivresse