On se construit en déblatérant Terré dans ses pensées ou lors de débats atterrants Parfois on en sort grandis mais souvent, trop souvent, on s'définit sur des non-dits Ancrés au large de notre esprit, en marge des écrits Les mots sacrés, lâchés, médits, vidés de leur sens Coquilles échouées sur nos rivages Érodées par leur usage... Et bla, bla, bla S'enchaînent les discussions sans queues ni têtes Rien que des bouts de milieu, dans les soirées qu'on appelle « fêtes » On bra**e du vent, on croit tisser des liens, déliant l'inhibition Au fil des verres tisés en vain... "Patron ! Le plein d'excitation !" Jusqu'au matin suivant, libérer le bonheur des flacons d'ivresse En attendant le revers de tristesse, les mots se perdent Puis s'oublient, tant pis pour ceux qu'on a lâché trop vite Et dont l'impact s'effrite, au fil des nuits Et bla, bla, bla D'une fausse aisance insupportable les opinions fusent Sur les tons faussement affables de juges impartiaux Bons goûts indiscutables, un avis sur tout : Cette vision du monde m'accable, marchands de fables Tablant sur la verve et la rhétorique Votre influence m'a rendu égoïste et cynique Croire qu'on est libres ? Tsss... est un piège bien pratique On masque ses pulsions, et on intériorise la panique ! Et bla, bla, bla Derrière des masques, des miroirs ou dans l'ombre Au travers des reflets s'alimente notre part sombre On se réfugie dans le rire ou les larmes et les liens se renforcent S'adapter sans s'oublier, trier, épuiser ses forces Dans un monde qui s'efforce de tourner toujours plus vite et amorce Bombe sur bombe, dans ces microcosmes féroces Ou chacun s'accroche, et cherche, et cherche, puis croit trouver mais oublie Les moyens de reprendre en main ses envies Envie de tout, de rien, de rien surtout Alors on s'plaint sans cesse et on a toujours mal partout Nos vagues à l'âme se multiplient sans place pour le ressac Semblent nous engloutir, lorsque pourtant, sur le tillac... Bla, bla, bla Ils utilisent des mots, les mêmes que nous Mais dans leurs bouches et leurs discours, ça paraît flou Putain de novlangue, qui fait glisser la sémantique Pour mieux nous abrutir vers leur sens : dictat rhétorique Aussi pervers soit-il, ne mettra jamais tout le monde à genoux Certains veillent et tant mieux face au nombre d'orgueilleux prêts à tout Pour se placer au milieu du débat vicieux des rampants envieux La langue de bois a**èche bien vite leur sale gueule, puis adieu ! Blah blah blah blah ! Cris, mots, ne suffisent plus Asphyxiés par les lacrymos qui fusent ils ricochent en écho Face aux fusils qui visent ceux qui ont choisi de vivre libres Lorsque le savoir des livres se défend dans la rue Face aux pouvoirs ivres d'eux-mêmes Dont les mots n'ont de poids que pour réprimer les actions Tous en faction face à la contagieuse division qui empreint les informations Et tisse dangereusement sa toile... jusqu'à nous perdre d'émotion Et bla, bla, bla Car souvent la parole nous dépa**e et dessert L'envie qui brûle au fond du "nous" mais qui s'exprime que par le "je" Le jeu des sentiments ne souffre pas de concessions Mais ne devrait-on pas privilégier la minutie sur les munitions ? Si triste... quand la musique prône ces valeurs de mort Pathétiques laquais d'un pouvoir autrement plus hardcore Leurs valeurs putrides se déchaînent à la pelle Les punchlines appellent la thune, et ça s'agrippe à nos cervelles ! ... Loin de tout ça on s'pose un temps, puis plus que ça et on s'aperçoit Que la discussion nous porte plus loin qu'on n'croit Empathiques, loin de la critique, sereins On goûte à des instants magiques, puis le lendemain... on s'dit "Bla, bla, bla, j'ai encore trop parlé hier Enchaînant les faits divers, cache-misère, afin de ne l'ouvrir Qu'à propos de moi" : beaucoup de ça et trop de surmoi C'est psycho-illogique, on est pendus au verbe aux dépends du Silence... ... Qui donne du poids à ce que tu dis Pourtant on a si souvent peur de lui Alors on comble, par d'intarissables débits mais... Parfois... Un moment... Un instant... Et voilant enfin les mots, un autre langage prend la place : Floox, tes arguments pètent la cla**e ! ... Pour conclure, avec les mots faut toujours en finir Et leur terme vient souvent faute de pouvoir les définir Qu'ils te cloîtrent seul, à baver des larmes de sel Ou embellissent ceux qui savent s'exprimer avec zèle Le fiel ou la tendresse, l'engouement, la tristesse Lorsqu'on en fait le bilan ; que traduisent toutes ces pièces De puzzle dont on a le sentiment, latent, d'un jamais fini Même aidé par les langues les plus douces ou par le plus fort des écrits Les mots restent, la plupart du temps Les émissaires boiteux des sentiments Et malgré tout ce que je dis et ce que je peux bien faire Certains faits restent enferrés dans tout ce que mes mots veulent bien taire... Et bla, bla, bla