Un jour, sur un piano, Une puce élut domicile. Elle posa son sac à dos, Ses affaires de ville. Elle avait beaucoup voyagé, Beaucoup sauté, beaucoup piqué Et pour ne pas qu'on la voie, Sur une noire, elle s'installa. Mais soudain, la lumière apparut. Des sons frappèrent son oreille. Une main lui marchait dessus. Sa colère fut sans pareille. Elle suivit ses évolutions Avec des yeux pleins d'attention Pour essayer de grimper Sur la main qui l'avait piétinée.
Lorsqu'enfin, elle y parvint, Elle affina son aiguille Et se mit à piquer la main Tout en dansant le quadrille, Mais, soudain, la main s'agita Et son rythme s'accéléra Et la puce tout excitée, De plus belle, se remit à piquer. Dans la douleur et la démangeaison La main se faisait plus rapide, Ne suivait plus la partition Et n'avait plus aucun guide Mais dans la salle on applaudissait Sans deviner que c'était Grâce à une puce énervée Que le jazz était né.