Approchez lentement pour, si elle se réveille Avant qu'on ne l'effleure, Elle ne prenne pas peur Parlez-lui simplement de la pluie, du beau temps Pour qu'elle s'habitue Car c'est une ingénue Mais restez derrière elle pour qu'elle ne vous voie pas Effleurez-la alors du bout, du bout des doigts Sans vous précipiter Faites-vous désirer Parlez-lui gentiment de rien, de sentiments Pas d'amour mais, quand même, faut lui montrer qu'on l'aime Et restez derrière elle pour qu'elle ne vous voie pas Enveloppez-la alors d'une main ferme et douce Accueillante, qu'elle s'y vautre D'elle même et, de l'autre Avec pouce et index, entrouvrez la corolle Ne vous inquiétez pas, l'index aura son rôle Et restez derrière elle pour qu'elle ne vous voie pas Approchez maintenant le visage de cette coupe Ce calice de satin
D'où s'exhalent ses parfums Saoulez vous de senteurs, ne perdez pas la tête Ne laissez pas la bête l'emporter sur le cœur Et restez derrière elle pour qu'elle ne vous voie pas A l'aide de l'index, entrebâillez son cœur Cherchez à l'intérieur les plus jolies couleurs Du vieux rose jusqu'au parme Camaïeux et nuances Vous tombent sous les sens, Mais surtout restez calme Retirez-vous sans heurts, laissez-la se détendre Laissez-la se reprendre Et même soyez tendre Caressez-la encore, lentement, jusqu'au pied Et d'un coup sec de sécateur, coupez la tige avant qu'elle pige C'est comme ça qu'il faut cueillir les fleurs Elles sont si fragiles, Souffrent mal la douleur Ainsi cueillie, elle sera belle et fraîche à souhait Apportez-la telle quelle, à celle qui vous plaît Approchez lentement...