Non loin du port
Y faisait un temps de mort
Réunion d'après labeur
Le grand remède au cœur
Le y'able
Appâté par le vice
Rampa jusqu'au foyer
Et apparut aux débauchés
«À qui finira un tonneau
de ma dernière cuvée
l'éternité leur sera accordée
Pour les âmes qui échouent,
J'ai d'la place dans ma calèche!»
Un pauvre siroteur
Déjà pompette
S'effoira de tout son long
Sur le mauvais rustre
La sombre brute
Roua l'autre de coups
Et dans fureur
Le noya dans sa broue
Voyant cela, le malin
Crut à une triche
Et fit flamber le violent
D'un sourire fendant :
«Celui-ci sert d'exemple
Pour tout autre matois
Maintenant, buvez.
Le vrai concours est entamé
Le forestier
Voulant faire le futé
Fendit son quart en deux
D'un bon coup de cognée
Il ne chauffera plus
Que le foyer de l'enfer
Pas mieux le bourgeois
Voleur endimanché
Qui voulut soudoyer
Quelques fêtards paumés
Le diable saisit leur souffle
Et fit du filou son pantin
Derrière le comptoir
Le voyageur intempérant
Et la tavernière du coin
Se zieutaient fougueusement
Allumés par le désordre
Ils laissèrent leurs breuvages
Et se confondirent
Dans la douce pénombre
…Et se firent emporter
Jaillit du portail
L'amuseur royal
Décharné, affligé
Ignorant le pacte
Il empoigne le fût
Tentant d'achever
Les jours de son vivant
Il enligne sans distinction
Pintes, lampées et larmes
Aimé de nul
Moqué de tous
Il but pour noyer
Son âme torturée
En voulant mourir oublié
Il oublia de mourir