I.
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles
II.
On entend dans les bois lointains des hallalis
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Pa**e, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile
Un chant mystérieux tombe des astres d'or
III.
Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys