Le ciel se met en guerre, aussi con que les hommes Et, jaloux du canon, là-haut l'orage tonne La foule hurle "Haro!" sans trop savoir pourquoi Du coup, la pluie s'en mêle et bombarde les toits Les radios excitées dégueulent de plus belle Les moteurs furibonds crachent leurs décibels Et la jeune maman s'inquiète "Comment faire?" Pour l'enfant qui repose dans ce boucan d'enfer Mais l'enfant au berceau n'entend rien du dehors Le plus beau temps est l'âge où l'on dort Il avait tout pour être heureux mais la formule N'a plus valeur dès que les revers s'accumulent L'amour? Parti ailleurs. Le moral? Entamé Et pour ce qu'est du boulot: licencié, terminé Il a lutté, marché, couru, tenté des choses
Rendez-vous repoussés, supprimés, porte close Il revient chaque soir un peu plus éprouvé Et se balance au lit pour tenter d'y rêver Lui reste le sommeil pour oublier son sort Le plus beau temps est l'âge où l'on dort Les années s'amoncellent et l'agenda se voûte L'horizon prend des airs perdus de fin de route La route qui fut vôtre traîne pour conclusion Moins de parcours heureux que de désillusions Un à un, les copains partent au fil des nuages Vous laissant impuissant, inutile, hors d'usage La famille s'effrite et nul ne vous retient Dans ce monde imbécile qui ne vous dit plus rien Vous vous faites paisible à l'idée de la mort Le plus beau temps est l'âge où l'on dort