Quand le ciel lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit en proie aux ennuis
De l'horizon embra**ant tout le cercle
Nous verse un jour plus triste que les nuits
La terre changée en un trou humide
L'espérance comme une chauve-souris
Longe les murs de son aile timide
Se cogne la tête aux plafonds pourris
Quand la pluie étale ses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux
Un peuple muet d'araignées
Tend ses filets au fond de mon cerveau
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Lancent vers le ciel un affreux hurlement
Et des esprits errants sans patrie
Se mettent à geindre opiniâtrement
Tout au fond de mon âme
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans
Et l'angoisse me pourcha**e
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir
Anges de santé connaissez-vous les Fièvres
Qui le long des murs de l'hospice blafard
Comme des exilés s'en vont d'un pied trainant
Cherchant le soleil et remuant les lèvres
Anges de gaieté connaissez-vous l'angoisse ?
La honte, les sanglots et les ennuis
Les vagues terreurs de ces affreuses nuits
Qui compriment le coeur comme un papier qu'on froisse ?
Dans une terre gra**e et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde
Où je puisse étaler mes vieux os
Dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde
Je hais les testaments et les tombeaux
Plutôt que d'implorer une larme du monde
J'aimerais mieux inviter les corbeaux
À venir saigner ma carca**e immonde