On me dit jamais rien à moi
Je pouvais pas le deviner
Fallait me l'expliquer
Je pouvais pas l'inventer
Moi je croyais que les trains c'était les crises cardiaques qui les faisaient dérailler
Que les fleurs se suicidaient en se cueillant toutes seules
Que la terre était chiée par les arbres
Que les vers solitaires se transformaient en papillons
Que Socrate était un footballeur brésilien
Et que les cunnilingus étaient des nuages
J'étais persuadé qu'en enfonçant des piles dans un mort né on pouvait le réparer
Qu'en arrachant une boucle d'oreilles on pouvait faire sauter une tête comme une grenade
Qu'on pouvait faire un garrot à une gorge qu'on venait de trancher
Que pour annuler un rendez-vous il suffisait de descendre son dentiste
Qu ‘en trompant sa femme dans un confessionnal on pouvait se repentir plus vite
Seulement voilà
On me dit jamais rien à moi
Je pouvais pas le deviner
Fallait me l'expliquer
Je pouvais pas l'inventer
Moi j'étais sûr et certain qu'en faisant boire de l'essence à un lévrier il allait courir plus vite
Qu'en changeant la couleur du sang y aurait plus d'a**a**ins
Qu'en faisant maigrir les gros on faisait mourir les maigres
Quand je me masturbais Je croyais que c'était ma main qui prenait son pied
Je pensais qu'en distribuant ma photo à des tueurs à gages ça me donnerait le goût des voyages
Que les canadairs avalaient des surfeurs pour les recracher dans des incendies
Qu'en exposant mon pied fraîchement coupé dans une cloche à fromage j'allais réussir dans l'art contemporain
Je me vengeais dans les zoos en crachant sur les lamas
On me dit jamais rien à moi
Je pouvais pas le deviner
Fallait me l'expliquer
Je pouvais pas l'inventer
Aucun doute
Mon cerveau avait la braguette ouverte
J'étais convaincu que mon nom était celui d'une maladie
Une maladie qui m'avait fait naître
Qu'il fallait que je meure jeune pour en guérir vite
Quand je mourrai ce sera pas la fin du monde
On m'enterrera et je repousserai pas