Je m'ennuie donc je m'enfuie, à l'envers de la file Désintègre d'en haut les lumières de la ville Mon crâne est un palais, mon cœur une foutue ZUP Voyage sans un centime, voltige au centuple Je rêve peu mais je rêve mieux, c'est la seule différence Ils adorent tous hurler, je voyage en silence Je crève enfermé quand ils baisent des putes en loge Et certains soirs ma vitesse ralentit l'horloge Je voyage comme je peux, traverse les courbures Leurs frontières sont les voiles dont je défais les coutures Pour ignorer le monde je laisse parler l'habitude Un jour j'ai connu l'aube, puis ce fut la biture Je traîne un sac de ruines, ça fait joli sous la lune J'ai ma flaque de songes, où engluer ma plume Je me sens hors des foules, bâtis ma propre lagune Préférant voyager entre les bras d'une brune Je voyage dans les recoins les plus perdus de mes souvenirs Soupire et soutire, au regret mon plus beau sourire C'est dire le temps est traître, rien pour l'amortir Pas même un bon mortier en vue de m'en sortir
Je voyage a l'aveuglette, avale des paysages Des déserts, des orages, des ruelles et des visages Je voyage avec Cendrars, Miller et Matisse, Joseph Oliver et Markos Vamvakaris Je voyage entre tes lèvres, voyage et puis m'élève Ma résignée tristesse, serais-je ton meilleur élève ? Je voyage encore et encore voici l'ironie Perce la fournaise sur un fond Wendy René Je cours entre tes reins, me perd entre tes seins Retrouve mon chemin en semant des quatrains Des rimes décaties, pour un poète c'est du gâteau Visiterai ton âme, en fredonnant du Fado J'ai goûté à l'amour, aux défaites et aux espoirs J'y suis tellement resté, j'en ai chopé des escarres J'ai rencontré ma chute, au croisement d'une avalanche Et puis j'ai voyagé dans l'océan de tes phalanges Au fond d'un train sordide j'ai recompté les années Une odeur de tabac froid, une boussole dans la cornée Impossible de crever quand l'esprit te sert d'appui Mon ami, 27 ans que je voyage gratuit