Dans le quartier arabe du vieux Jérusalem Sous une voûte sombre, je connais un café Trois chaises de bois brun dans la lumière blême Qui tombe d'un néon unique et fatigué Sur le mur écaillé, la photo d'un notable Dans les années quarante, sourit près d'un palmier Est-il de la famille? Somnolant à sa table Le maître des lieux n'en a jamais parlé Wallah! je dis la vérité Ici le temps s'est arrêté Déférent, on vous sert quelques thés à la menthe Ou bien de petits verres de café parfumé L'humeur est à l'oubli et comme nonchalante Soupirs, contentement, fumée de narguilés Au plafond, peint en bleu, trois mouches se poursuivent Puis se posent un instant sur un calendrier
Dans sa poêle, un beignet frit dans l'huile d'olive Par la porte, on voit luire le dos rond des pavés Wallah! je dis la vérité Ici le temps s'est arrêté Les clients silencieux sont là depuis toujours Du moins, on le dirait, beaux vieillards aux mains fines A la peau tannée par le travail et les jours Ils ont l'obstination des pierres de leurs collines C'est à deux pas des souks où la foule se presse Dans l'odeur des épices, des viandes et des fruits C'est un lieu préservé où les heures paressent Calmes et bien à l'écart du monde et de ses bruits Wallah! je dis la vérité Ici le temps s'est arrêté Wallah! je dis la vérité Un jour viendra la liberté