Ils travaillent le bois, penchés sur l'établi Autour d'eux la sciure et les ronds de lumière D'autres sèment, patients, quelques graines de vie Quelques songes de fleurs confiés à la terre Elles, depuis toujours, elles osent espérer Un monde différent sans horreur et sans guerre On les dit un peu folles, ils seraient trop sensibles Mais c'est pas ça, mon frère, qui les fera changer Les paisibles On les trouve partout et plus nombreux qu'on croit Dans la plus humble case du plus petit village Dans les rues des villes où l'on ne se salue pas Au fond des banlieues grises où roulent les nuages Peu importe leur langue, la couleur de leurs mains Ils sont jeunes ou vieux, ils ont mille visages
Certains lisent, pieux, le Coran ou la Bible D'autres seuls ici-bas vont leur propre chemin Les paisibles Bien sûr, jamais l'idée d'écraser un voisin De lui faire du tort n'est pa**ée dans leur tête C'est dire s'ils sourient et regardent de loin Les ambitieux lancés dans leurs pauvres conquêtes Ils sont parmi nous depuis les commencements Anonymes avec de vagues airs de poètes Qui s'obstinent à poursuivre le rêve inaccessible D'un tranquille bonheur, et pour tous les vivants L'un de mes vœux serait, ah si c'était possible! Qu'ils me disent un jour "Viens, ta place est parmi nous" Les paisibles