C'est une longue vallée, là-bas dans le Jura Des villages posés comme ça, du haut en bas Des montagnes, tout autour des forêts, des prairies Des gens et leurs amours et leur toute simple vie Des gens durs à l'ouvrage et depuis la nuit des temps Taiseux comme l'hiver mais les yeux pétillants Mais les yeux malicieux. La plupart ouvriers Et debout bien avant que le jour soit levé Une usine y a planté ses bâtiments tout gris Entrepôts, ateliers, cheminées, fonderie Et parce qu'on y travaille, et ça fait des années, On a, ma foi, c'est vrai, presque fini par l'aimer {Refrain:} Comment appelez-vous Quelqu'un qui met l'argent, Le pognon, les gros sous, Avant la vie des gens? Quelqu'un qu'est prêt à tout Froidement, pour trois ronds Ça doit avoir un nom? De lointains décideurs, tueurs de profession Ont condamné à mort et d'un coup de crayon L'usine nullement vieillotte ou dépa**ée D'où sortaient des merveilles d'alliages et d'acier
Les gens polis ont dit "Pardon, une question" La réponse a fusé "Pas de négociations Vous n'avez aucun droit vous n'êtes rien pour nous Quel culot, ma parole! Pour qui vous prenez-vous?" Face à tant de hauteur, face à tant de mépris Votée la mort dans l'âme, une grève a suivi Votée, visage grave, l'angoisse sur le front C'est la première fois qu'on ose dire non {au Refrain} Oh, la fraternité dans l'usine occupée La calme certitude qu'au bout l'on va gagner Et puis, pa**ent les jours, les semaines, les mois Le courage s'épuise, le courage s'en va Et c'est une défaite, encore une de plus Jusqu'à quand les sanglots et les causes perdues? Faudrait-il pour autant renoncer au combat Et se taire, accepter, faut-il baisser les bras? Qui dira à quel point ce monde est odieux Et puant la charogne et méprisable et vieux? Ah! quand viendra la fin, la fin de l'arrogance? Ah! quand se lèvera l'aube de l'espérance? {au Refrain, x2}