Marcel Amont :
Quand j'ai débuté, j'avais vingt ans
Et j'en aurai sous l' même carcan
Cinquante et des, début printemps
Pendant tout c' temps-là
J'ai surveillé prisonnièrement
Un condamné qu'avait quarante ans à tirer
Gérard Darmon :
Moi qu'avais connu des tas d' pays
Moi qu'avais vécu des tas d' folies
Quand j'ui racontais tout c' que j'avais fait
En fait c'est lui qui s'évadait
Ensemble :
Lui ou moi, je n' sais pas qui gardait l'autre ou pas
Lui ou moi, tout ça c'est question de relativité
Marcel Amont :
Du bas d' ma jeunesse moi j'écoutais
Toutes ses prouesses et j' les vivais
Toutes ces gonzesses et j' les goûtais
Au-d'ssus des barreaux d' la société
Plus d' gardien, plus d' prisonnier
Y avait plus qu' deux hommes qui rêvaient
Gérard Darmon :
N'empêche qu'à force de tourner en rond
Ça finit par vous fout' le bourdon
J'avais plus l' moral, ça lui a fait très mal
Mais un soir je m' suis fait la malle
Ensemble :
Lui ou moi, je n' sais pas qui gardait l'autre ou pas
Lui ou moi, tout ça c'est question de relativité
Marcel Amont :
On trouvera peut-être ça ridicule
Maintenant seul je déambule
Je vais traîner dans sa cellule
Car pour moi la grosse clef qui ouvrait
Sur ses quatre ou cinq mètres carrés
C'était la clef d' la liberté
Gérard Darmon :
Ici j' suis personne et tous mes potes
Ne m'envoient pas dire que je radote
Tout le monde s'en fout, j' suis plus rien du tout
J' peux quand même pas r'tourner au trou
Ensemble :
Lui ou moi, je n' sais pas qui gardait l'autre ou pas
Lui ou moi, tout ça c'est question de relativité
Je n' sais pas ce que je vais dev'nir
Je m' sens trop vieux pour m'en sortir
Et je me sens seul à mourir