Monseigneur le duc de bretagne
A pour les combats meutriers
Convoqué de Nantes à Mortagne
Dans la plaine et sur la montagne
L'arrière-ban de ses guerriers
Ce sont des barons dont les armes
Ornent des forts ceins d'un fossé
Des preux vieillis dans les alarmes
Des écuyers, des hommes d'armes
L'un d'entre eux est mon fiancé
Il est parti pour l'Aquitaine
Comme timbalier et pourtant
On le prend pour un capitaine
Rien qu'a voir sa mine hautaine
Et son pourpoint d'or éclatant
J'ai dit à noter abbé messire
Priez bien pour tous nos soldats
Et comme on sait qu'il le désire
J'ai brulé trois cierges de cire
Sur la châsse de Saint Gildas
Il doit aujourd'hui de la guerre
Revenir avec monseigneur
Ce n'est plus un amant vulgaire
Je lève un front baissé naguère
Et mon orgueil est du bonheur
Le duc triomphant nous rapporte
Son drapeau dans les camps froissés
Venez tous sous la vieille porte
Voir pa**er la brillante escorte
Et le prince et mon fiancé
Mes soeurs à vous parer si lentes
Venez voir près de mon vainqueur
Ses timbales étincelantes
Qui sous sa main toujours tremblantes
Sonnent et font bondir le coeur
Venez surtout le voir lui-même
Sous le manteau que j'ai brodé
Qu'il sera beau c'est lui que j'aime
Il porte comme un diadème
Son casque de crin inondé
Sur deux rangs le cortège ondoie
D'abord les piquiers au pas lourd
Puis sous l'étendard qu'on déploie
Les barons en robe de soie
Avec leurs toques de velours
Voici les chasubles des prêtres
Les héraults sur un blanc coursier
Tous en souvenir des ancêtres
Portent l'écusson de leur maître
Peint sur leurs corselets d'acier
Admirez l'armure persanne
Des templiers craints de l'enfer
Puis sous la longue pertuisane
Les archers venus de Lausanne
Vêtus de buffle armés de fer
Le duc n'est pas loin ses bannières
Flottent parmis les chevaliers
Quelques enseignes prisonnières
Honteuses pa**ent les dernières
Mes soeurs voici les timbaliers
Elle dit et sa vue errante
Plonge dans les rangs serrés
Puis dans la foule indifférente
Elle tombe froide et mourante
Les timbaliers étaient pa**és