J'm'appelle Robert et j'ai grandi Dans une petite ville de province Pour ma mère j'étais son p'tit prince Mais tous mes potes m'appelaient Bobby C'est là qu'j'suis allé à l'école Où qu'j'ai appris à bien parler C't'important s'tu veux pas qu'après Les autres y t'prennent pour un mariole Mon père bossait chez m'sieur Levain Qu'était l'patron d'une grosse fabrique Mais si mon père n'a jamais eu d'fric Chez nous on a jamais eu faim M'sieur levain vendait deux-cents francs Des chaises que fabriquait mon père Ce pour quoi il avait salaire Par jour d'a peine trente francs C't'ainsi que f'sant mes soustractions Il m'appris c'qu'on nommait " profit "
On aurait pu appeler ça aussi Du vol ça n'aurait pas été plus con M'sieur Levain agrandi l'usine Mis quelques employés dehors Vit qu'ça f'sait un peu vide alors A la place il mis des machines Puis il dit à mon père, un soir : " C'est pas la peine de r'v'nir lundi " Puisque c'est ça mon père lui a dit : " Mardi faut pas compter me r'voir " J'm'appelle Robert et j'ai vieilli Et ça m'ferait presque marrer D'entendre tous ces faux-culs s'étonner D'voir où on en est aujourd'hui Tant pis s'il n'y a plus d'boulot Va falloir qu'ils acceptent enfin Qu'on vive sans leur servir à rien Tant pis, tant mieux, c'est pas trop tôt