Paroles et musique: Henry Girou Exilé au Québec, revenu à Bordeaux, un politique «pète-sec» aperçoit un bateau. -”Qu'est-ce que ce tas de rouille dont la vision m'embrouille?” -”Le Colbert, sieur Juppé, notre bateau musée”. -”De ce tas de ferraille faut me débarra**er, qu'il parte à la jaille où il fut fabriqué”. Alors ce pauvre Colbert, honni comme la peste, est remorqué par mer jusqu'à la ville de Brest. Voilà donc le Colbert qui rejoint l'Clémenceau dans le port militaire, au cimetière à bateau. Si les ricains, pépères, coulent leurs porte-avions, des merdes de la mer, nous, on fait collection. Nous voilà désignés poubelles nationales, on va démanteler les fleurons d'la royale. L'attention est touchante pour qui les construisirent, qui, malades de l'amiante dans leur lit, ont du mal à rire. refrain: Vous avez des poubelles, des merdes qui empestent, oyez la bonne nouvelle, venez les mettre à Brest! Civiles ou militaires, chimiques ou nucléaires, à Brest on inaugure l'paradis des ordures. Notre futur prochain, être un chantier indien, faire de notre arsenal une décharge nationale. Silence dans les rangs, dit le gouvernement. C'est pour le bien de tous, Goriste, pourquoi tu tousses? Colbert et Clémenceau amarrés aux mêmes bittes, ya déjà deux rafiots pour Brest 2008. Ces vestiges du pa**é sont partis pour rester. Va-t-on faire un musée des bailles amiantées? L'état va t-il prendre date, se donner les moyens?
Ou faire comme Ponce Pilate et s'en laver les mains. L'intérêt national ou la raison d'état, seule la boule de cristal de madame Irma le dira. Et la raison d'état, sûr qu'à Brest on connaît, ça veut dire: tais toi, rien à voir, circulez! L'armée a un blanc-seing pour faire ce qu'elle veut En s' foutant des pékins qui vivent sur les lieux. L'intérêt général c'est du pareil au même, une mission nationale va résoudre le problème. On promet sans ambages, on glose et on pavoise, démontage, déflocage, les deux nouvelles mamelles brestoises. refrain Nos élus, nos élites, sont plutôt partagés. La droite se félicite, la gauche est réservée. Pour l'un c'est la méfiance, l'attente de garanties, Pour l'autre la réjouissance, la chance qui nous sourit. Dans notre belle cité nos braves politicards nous font plein de projets qui dorment dans les placards. Mais là c'est du concret, les merdes sont arrivées, pour les solutionner ils nous sortent une drôle d'idée. Créer une filière pour la déconstruction, mais qui payera plus cher pour une démolition. Est-ce les bateaux poubelles qui polluent à tout va, et qui en ribambelle se feraient démolir brestois, ou le patriotisme de nos rares armateurs qui viendraient sans la prime pour la raison du cœur. Sans le mot “subvention” qui est un vrai sésame, Brest changera son nom en Brest-Poubelle-Océane. refrain