J'ai travaillé comme un chien
Pour aimer tous mes prochains
Mais les derniers, qu'étaient très cons
J'ai pu les détester quand même
C'est pas facile d'aimer les gens
Et surtout ceux qui ne t'aiment pas
Ceux qui n'écouteront jamais
Le même genre de musique que toi
Ceux qui hurlent comme des porcs:
«Vive la République, vive le sport»
Ceux qui, d'une autre génération
Te prennent plus ou moins pour un con
Ceux qui malgré tes théories
Te diront: «c'est mathématique»
«Ton raisonnement, bien que brillant, n'effleure pas la problématique»
J'aime pas les gens qui ne m'aiment pas
Il faut dire qu'ils me le rendent bien
Et je suis plein d'admiration pour ceux qui m'aiment
Mais aujourd'hui c'est fantastique
La rumeur est dithyrambique
Et les gens portent à la main
Des chrysanthèmes
Moi qui n'avait peur de rien
J'avais fait l'monde à mon image
Les jours se suivent et me ressemblent
Et j'y suis à mon avantage
Je pataugeais dans les amis
Me vautrait dans la ressemblance
On était tous des socialistes
Et c'était comme une évidence
J'avais appris à détester
Ceux qui vivait pour posséder
Et avec un malin plaisir
J'hésitais jamais à leur dire
Alors forcément en retour
J'avais rarement des preuves d'amour
J'leur disais: «allez vous faire foutre»
«Je vous détesterai toujours»
J'aime pas les gens qui ne m'aiment pas
Il faut dire qu'ils me le rendent bien
Et je suis plein d'admiration pour ceux qui m'aiment
Mais aujourd'hui c'est fantastique
La rumeur est dithyrambique
Et les gens portent à la main
Des chrysanthèmes
Ceux qui ne pensaient pas comme moi
Auront c'est sûr bien du remords
Car aujourd'hui c'est moi la star
Moi qui occupe la place du mort
Et lorsqu'un être disparaît
Ça sent la mise en examen
Et c'est le moment ou jamais
De dire que c'était quelqu'un d'bien
On est jamais vraiment très fier
Devant celui qu'on enterre
On regrette et on espère
Et on pleure l'eau de la mer
Mais il faut bien reconnaître
Même si c'est pas valorisant
Qu'aimer les cons de leur vivant
C'est largement plus fatigant
J'aime pas les gens qui ne m'aiment pas
Il faut dire qu'ils me le rendent bien
Et je suis plein d'admiration pour ceux qui m'aiment
Mais aujourd'hui c'est fantastique
La rumeur est dithyrambique
Et les gens portent à la main
Des chrysanthèmes
(mes frères, mes sœurs, nous sommes ici réunis)
(pour célébrer la mémoire de notre ami)
(votre place à la table du Seigneur)
(il sera convenable...)
(...grand malheur)
Ouais
Oui j'en conviens c'est contestable
Certains ne pensent jamais à mal
Et attendent avec impatience
Le jour du Jugement final
Où ils pourront, c'est bien normal
Afficher le précieux rictus
Qui n'est pas celui du chacal
Mais du bon h*mo Erectus
Brandissant leur bulletin scolaire
Le bilan de leur vie sur Terre
En disant: «mais voyez vous-même»
«Je suis cerné de gens qui m'aiment»
Ceux-là me pleureront sûrement
Mais en ce jour je le confesse
J'ai toujours plus de sentiment
Pour ceux qui m'ont botté les fesses
J'aime pas les gens qui ne m'aiment pas
Il faut dire qu'ils me le rendent bien
Et je suis plein d'admiration pour ceux qui m'aiment
Mais aujourd'hui c'est fantastique
La rumeur est dithyrambique
Et les gens portent à la main
Des chrysanthèmes
Ah oui, non pour la fin on avait dit on faisait...
Bah voilà