On s'aimera cet automne Quand ça fume que du blond Quand sonne à la Sorbonne L'heure de la leçon Quand les oiseaux frileux Se prennent par la taille Et qu'il fait encore bleu Dans le ciel en bataille On s'aimera Pour un quignon de soleil Qui s'étire pareil Au feu d'un feu de bois On s'aimera Pour des feuilles mourant Sous l'oeil indifférent De monseigneur le froid On s'aimera cet hiver Quand la terre est peignée Quand s'est tu le concert Des oiseaux envolés Quand le ciel est si bas Qu'on le croit au rez-de-chaussée Et que le temps des lilas N'est pas prêt d'être chanté On s'aimera Pour un manteau pelé Par les ciseaux gelés Du tailleur des frimas On s'aimera Pour la boule de gui Que l'an neuf à minuit A roulée sous nos pas On s'aimera ce printemps
Quand les soucis guignols Dansent le french cancan Au son du rossignol Quand le chignon d'hiver De la terre endormie Se défait pour refaire L'amour avec la vie On s'aimera Pour un tapis tout vert Où comme les filles de l'air Les abeilles vont jouer On s'aimera Pour ces bourgeons d'amour Qui allongent aux beaux jours Les bras de la forêt On s'aimera cet été Quand la mer est partie Quand le sable est tout prêt Pour qu'on s'y crucifie Quand l'oeil jaune du ciel Nous regarde et que c'est bon Et qu'il coule du miel De ses larmes de plomb On s'aimera Pour une vague bleue Qui fait tout ce qu'on veut Qui marche sur le dos On s'aimera Pour les sel et le pré De la plage râpée Où dorment des corbeaux Où dorment des corbeaux.