LÉNIÈME – MES NOUVEAUX VOISINS VERSET I Mes nouveaux voisins habitent juste sous l'escalier Je leur marche sur la tête pour entrer Quand ils cuisinent, leurs épices envahissent le corridor Je me rappelle à quel point j'ai jamais rien goûté Odeur de coriandre Et autres mélanges inconnus Quand tu rentres chez nous tu dis ça pu Pis tu me demandes si je les connais Je te réponds à peine, très peu Bonjour monsieur quand je les croise C'est bien silencieux chez eux J'imagine qu'ils m'inviteraient À prendre le thé Si je leur donnais un sourire J'préfère te dire qu'ils sont tranquilles Pas du genre apéritif Barbecue saucisses Ils barrent leur porte c'est plus facile J'barre la mienne aussi ça nous évite De savoir c'est qui, c'est quoi Sont là pourquoi REFRAIN I Mes nouveaux voisins ils sont nés quelque part Où on a tous le même visage On sais jamais comment il pense D'où il vient ça nous dépa**e On le fixe d'un œil rapace BRIDGE Curieux du point rouge dans sa face Un Tika qui nous disent quand on leur parle Petit maquillage Les femmes le porte preuve de mariage Ou on le donne forme de respect pour les sages VERSET II Mes nouveaux voisins viennent de loin De là où on sait rien de nous Et nous rien d'eux Et pourtant on se ressemble On ressent les mêmes sentiments La même peur du changement Seulement nous autres on reste icitte Pas besoin de fuir ailleurs De peur qu'on brûle nos foyers Fuyons, fuyons ! Coincés dans un tuyau Et l'une des extrémités rouges De feu et sang Quel choix, s'en aller Mes voisins ont longtemps marché En exode, nomades Paysans sans pays Y'ont déjà payé leur part de loyer On s'accoutume aux lois, aux cloisons
Aux clôtures de fer À perdre notre fierté Un peuple sans drapeau Pourtant une langue, des danses Mythes et histoires extravagantes de dragons REFRAIN II Mes nouveaux voisins ils sont nés quelque part Où on a tous le même visage On sais jamais comment il pense D'où il vient ça nous dépa**e On le fixe d'un œil rapace VERSET III Mes nouveaux voisins J'leur tiens la porte Si j'peux prêter main forte Je m'efforce à les comprendre Corrige les faux-bonds dans leur langue Pu qu'ils dépendent d'un chèque Que leur famille se sente prête À entreprendre cette Chance nouvelle qu'on leur Prête Peut-être qu'à chaque sourire j'me rapproche Du Népal, du Bénin De la Colombie Ou y'inque de mes voisins Qu'à chaque sourire je les étonne Et qu'ça rend ça plus simple J'pense qu'ils se sentent comme moins isolés Moins laissés seuls à eux-mêmes Plus solides de savoir que la porte voisine c'est la mienne Qu'un dialogue est possible Qu'un moment'donné Le pire sera pa**é Apprendre à vivre Dans un Québec fâché Économie fasciste Méritocratie élitiste Et leur peau les trahisse La police cours après leur fils À moi ils me disent : Buzu misu ça ba bien? Depuis que j'les considère comme mes voisins FINALE J'irais prendre le thé à leur table Manger épicé Des plats pas prononçables Si on leur parle Notre petite peur s'écarte Les différences visibles deviennent inutiles Mieux Regarde tes nouveaux voisins dans les yeux Souris et dis bonjour monsieur Promis que les nouveaux voisins Deviendront les vieux Peut-être même que leur fille Aura ton fils comme amoureux