Vu l'état d'mes chaussures, j'dirais qu'les temps sont durs
Que les temps changent, que les taux changent trop vite
Que les anges désespèrent, que l'étau serre et que l'bon sens lévite
À vingt mille lieux dans les airs, pratiquant l'pipeau sans mesure
Regarde c'que l'monde a fait à ta progéniture
Regarde les fuites de gaz, regarde - bon sang - le bon sens t'évite
C'est la guerre du baril dans l'réservoir de ta jolie voiture
Et pourtant "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles"
Mais Pangloss hallucine, se soûle dans la marmite et ses pensées vacillent
Candide a refilé ses bacilles à la populace, son œil divague et perd le fil
Le recul, j'veux bien, mais ils tendent la ficelle pour nous rendre imbéciles
Et nous voici dociles, jeunes et séniles, aux lacets rongés par les rats
On va nous avoir à l'usure, et on ira creuser des puits dans les déserts
Pour qu'on nous fa**e subir le supplice de la goutte d'eau, la guerre
La peste et l'choléra
À force de CDI, de ces vieux décrépits votant les lois
À force de promesses de ces scélérats
À force de "cessez", de "baissez les bras"
De ces démons, de ces médias
De ces débats télé inutilement pervers
Les mecs abattez-les, qu'on les dissèque et les opère
À force de prises d'otages, de censure, de haine contre Mbala
À force de sacrifices de la culture, du servile en veux-tu en voilà
Et nous voilà servis - à table - par un système cannibale
Les yeux plus gros qu'le bocal, pourtant dans un piteux état
J'ai pas lu la fin du bouquin mais j'crois qu'ça finit mal
Remarque, je l'saurai pas, ils ont sûrement brûlé les pages
Brûlé les planches de leur théâtre à deux balles
Duquel ils sortiront, grâce aux souffleurs et illusions, entre brume et nuages
Sous les applaudissements et les hourra du premier rang
Sous les sifflets du fond d'la salle