[Couplet 1 - Hamé] Oh, mais la gueule qu'on tire ! L'air de vrais tarés à fuir Qu'on tire sur ces images trompeuses qu'on nous tend Ces miroirs défigurant où l'idiotie crève l'écran Regarde, on y voit en quelques plans Des fils de prolétaires immigrés Englués comme par fatalité à des vies Forcément privées d'sens, bourrées d'faux plis Des espaces pouilleux de désirs creux La débilité nous empêcherait de prétendre à mieux Autant d'familles enta**ées en déchus quartiers ouvriers Comme ancrées à la précarité par goût et nature Comme spontanément fixées à la misère et à ses tramées de pourritures On y voit nos anciens gratter l'pain du modèle citoyen Sans même s'écorcher les mains Ou bien encore ici et là des frères Abonnés à la poudre et ses travers Ou que les barreaux incarcèrent Car l'échec, parait-il, comme une seconde peau serait héréditaire On y voit en tous les cas ni l'égard Ni l'estime de soi nulle part Que des ruines, des pertes et des ratages obligatoires Et je les entends encore nous le dire Du haut de leurs chaires où ils s'empiffrent à la tire Où ils s'bouffent en privé le soleil des richesses de tous Où ils parquent, appauvrissent, élargissent le gouffre où ils nous poussent Et nous inscrivent en grosses lettres majeures qu'enfin La sève de nos élans s'évalue à presque rien [Refrain 1] Et je les entends encore nous le dire… Mais là n'est pas le pire, là n'est pas le pire…(bis) [Couplet 2 - Hamé] De toute pièce ils ont créé la règle du jeu
Promulgué l'égalité, et pipé les dés qu'ils t'ont attribué Tu parles d'un hasard si tes records ont l'air piteux Mais voilà, ta chance aurait de la merde dans les yeux En tous les cas, si jeu il y a, moi je vois mes bras Couverts de plaques d'allergie à leurs critères de réussite Leur course au mérite, leurs primes aux plus dociles et zélés suceurs de bite Leurs médailles de petits et grands gagnants Du plus habile à produire des perdants Des tréfonds de blessés profonds Dire qu'ils campent sur nos déboires tout du long Dire qu'ils prétendent planifier nos existences Qui sont les racailles quand nos mauvaises notes font leurs romances ? Quand ils ne vivent qu'au titre d'usurper le rôle d'arbitre De forger les chaînes modernes de l'exploitation D'un modèle d'éducation d'lâches et amorphes moutons D'exécutants bornés placés sous tutelles D'abrutis jetables et convaincus mâles ou femelles Et l'on reste à leurs yeux les parasites à leur paradis du fric Ou au mieux, les fourmis de corvée aux tâches merdiques On serait là à notre place de choix parce qu'étriqués du crâne Parce qu'inscrit dans nos gênes Parce qu'enfin, la sève de nos élans s'évalue à presque rien [Refrain 1] Et je les entends encore nous le dire, et je les entends encore nous le dire… Mais là n'est pas le pire, là n'est pas le pire… (bis) [Refrain 2] Le pire est qu'on ait fini par le croire, mon frère Le pire est qu'on en ressort avec le mépris d'nous même