Pendant que les charognards aux armures brillantes se pavanent
Et trinquent à la santé des cigarières La Havane
La tête dans l'engrenage d'un long combat ordinaire
J'viens marteler la terre d'un tas de paroles incendiaires
Mélancolique, je ne rêve plus d'équilibre ni d'harmonie
J'entends se rapprocher le grincement des automates
Sur le fil, j'rêve de ne pas sombrer dans la folie
Et de finir par avancer le dos courbé à quatre pattes
Mes semelles usées d'avoir traîné un peu partout à cravacher comme un chien
La gueule ouverte et l'air de rien
J'en sors traumatisé d'gérer ma vie au coup par coup
D'avoir la même rengaine qui vient rythmer le quotidien
Toujours à cran, jusqu'à quand et jusqu'où?
Jusqu'au dernier retranchement, jusqu'à plus tenir debout
Je n'vois que des caboches saturées d'plomb à l'horizon
Des visages sans noms qui hurlent seuls à l'unisson
Arrêtez ce train! Arrêtez ce train! Je- je- je veux descendre
Arrêtez ce train! Là bas il n'y a plus rien, que du feu et des cendres!
Arrêtez ce train! Arrêtez ce train j'ai dit je veux descendre !
Arrêtez ce train! La foule le cri, le scande et personne ne peut l'entendre!
Un furieux sentiment d'impuissance me terra**e
Me vide de ma substance à mesure que le temps pa**e
Je n'ai pas choisi le wagon ni même la direction
Et je m'enfonce tout droit dans ce tunnel funèbre en perdition
Une odeur putride plane et lacère l'atmosphère
J'ai la rétine choquée devant le charnier à ciel ouvert
Je ne me reconnais pas dans c'monde, je n'y trouve pas ma place
Et je suffoque, perdu dans le dédale des couloirs de l'angoisse
Ce train n'a ni queue ni tête, il roule à vive allure
Et écrase tout sur son pa**age, moteur au bord de la rupture
À l'intérieur c'est la panique, les neurones court-circuitent
Ça va trop vite pour rétablir, on connaît tous la suite
Maudit sois la race des puissants, aiguilleurs du chaos
Leurs instincts suicidaires et leurs penchants pour l'échafaud
Au coin des lèvres, toujours cette arrogance, ce p'tit rictus
Mais ils oublient que pour eux aussi il n'y a qu'un mur comme terminus
Arrêtez ce train! Arrêtez ce train! Je- je- je veux descendre
Arrêtez ce train! Là bas il n'y a plus rien, que du feu et des cendres!
Arrêtez ce train! Arrêtez ce train j'ai dit ! Je veux descendre!
Arrêtez ce train! La foule le cri, le scande et personnes ne veulent l'entendre!