La neige tombe du ciel, étend son blanc manteau
C'est le beau spectacle d'un soir d'hiver
Avec un brin de poésie dans l'air
Mais pour moi, ça n'est que le début du calvaire
Je suis dans ma voiture, bloqué au milieu de la chaussée et d'un concert de klaxons
Orchestré par les grossièretés d'un tas de travailleurs fatigués comme moi
Pressés d'aller s'engouffrer dans le dédale des ruelles de la capitale
Et je n'ai pas le cœur à éteindre le moteur
Sortir fabriquer un bonhomme de neige dans le fossé
Provoquer mon fils dans un duel aux armes blanches
Prendre les choses du bon côté, m'amuser...
Non, je suis beaucoup trop vieux, trop vieux jeu pour ces jeux
Je me suis contenté d'allumer la radio
Comme tous les autres, dans l'attente du prochain bulletin météo
Je suis un bien triste sire : mon gamin est a**is là à côté de moi
Et je sais même pas quoi lui dire...
Il est si mignon, à jouer avec son petit avion
Tout ça le dépa**e, à ses yeux
Je sens qu'il est sans doute en pa**e
D'affronter une tempête de neige, quelque part en Himalaya
En Alaska, Annapurna, ou je ne sais quoi !
Tous ses rêves, tout son univers, ne me touchent pas
Il est bien jeune, il apprendra que la vie, ce n'est pas ça
Cependant, je le sens, le bonheur, il le frôle en ce moment
Et moi, je suis totalement incapable de me hisser à son bord
De faire le copilote un instant, j'ai peut-être tort
Mais il est beaucoup trop tard pour ça je crois...
[Refrain]
Renfermé, fatigué, tous mes rêves brisés
Après la pluie jamais de beau temps, c'est la dure réalité
Englué dans mes tracas, j'ai tout laissé m'échapper ici-bas
Et pendant tout ce temps-là, je n'ai pensé qu'à moi...
Quotidiennement lâché dans la mêlée des mal-réveillés
A subir toute la journée pressions et dépressions
Dans mon univers à moi, pas d'anticyclone à l'horizon
Je n'ai pas su relever le front, j'ai baissé la tête
Tourné le dos, attendu pour contredire mon patron
D'être rentré me réfugier à la maison...
Et tous les soirs, c'est une lamentable histoire
Le triste soliloqui d'un homme aigri et égoïste qui se lamente
Gémit sur ses problèmes devant sa femme et son fils, mais, bizarrement
Reste indifférent lorsque son enfant
Glisse le moindre mot sur son univers dénué de vices
Une fois l'enfant plongé pour de bon au pays des songes
Je m'allonge aux côtés de celle qui depuis bien longtemps maintenant a jeté l'éponge
Celle qui un jour fut ma princesse, mon ange, ma fée
Désormais ridée, décrépitée, usée, comme si un sort lui avait été jeté
A elle, qui doit bien se douter que si elle est délaissée
C'est que je préfère écailler la petite sirène du bureau d'à côté...
C'est pour ça qu'une fois la lumière éteinte
Il n'y a jamais - jamais - d'étreinte
Je suis éreinté, crispé, et j'ai du mal, moi, à gagner
Cette fameuse planètes des songes que mon enfant a tant visité...
Moi, c'est ma vie entière qui me ronge
Et bien souvent je me surprend à vouloir rompre les amarres
Mettre un point final au cauchemar, ouvrir le tiroir du placard
Sortir l'objet de son étui noir, et en finir !
[Refrain]
Fiston, réveille-toi... Réveille-toi fiston... T'as fais un mauvais rêve ou quoi là ? Allez et puis maintenant tiens-toi mieux que ça s'il-te-plait on est bientôt arrivés
Mon visage est celui d'un enfant qui sort avec difficulté
D'un cauchemar agité, un instant j'ai rêvé être l'adulte a**is à côté de moi
Pour lequel j'éprouve un étrange mélange d'affection et d'affliction
Il est devant moi l'exemple contre-indiqué de l'adulte compliqué
Exemplaire malheureusement pas unique
Et si je suis sans doute bien jeune pour juger de tout ça
En tout cas, j'ai toute la vie devant moi...
Une vie entière, et tellement courte à la fois
Pour tenter de chercher et trouver des réponses à mes « pourquoi » ?
Un sens tout simplement, car même si le bonheur n'est qu'une illusion
Pour tenter malgré tout d'approcher sa direction
Le mot pa**ion est peut-être une solution
Et si j'ai la naïveté de croire que je suis pilote d'un avion en difficulté
Devant les éléments déchaînés, c'est que j'ai encore cette faculté de rêver
Et ça, ça vaut tout l'or que mon perdant de père essaie de faire gagner
A ceux qui au-dessus de lui ne jurent que par l'essor
Le confort d'un être humain moderne
Dont finalement le train-train de vie ne rime souvent plus à rien
Et si ils marchent sur la tête, ils ne sont jamais qu'une toile de fond
Et je suis bien content de prendre le large
Au-dessus du voile des nuages, au volant de mes rêves, mes ambitions
Pour tenter d'approcher au plus près les étoiles...