Salut, noble mère gigogne Tes seins percent la toile encore ils crèvent le drap sans vergogne Tu portes toujours fier le corps Qui sortit de son flanc Bourgogne Ma nourrice, je vous regarde Comme pour la première fois Manants et comtes prenez garde Si l'œil tranquille est plein de foi La bouche luit d'humeur gaillarde {x2} Madame Flandre est puritaine A ce qu'on dit, moi je veux bien Sous ses fichus de tiretaine Elle cache un cœur plébéien et pourtant sa mine est hautaine Comme elle, j'ai le pied sur terre La chevelure au vent du nord Le feu couvant sous tes artères Flamand, tu ne perds pas le nord Ma grande force est de me taire {x2} Nous buvons avec l'eau bénite Les bières d'Alost et de Diest Ma terre, Seigneur, est petite Mais elle porte haut ses Christs Fleuris en mai de marguerites Les curaillons et les béguines Poussent comme choux au jardin Ce pays jamais ne badine
On prend la mouche ou le gourdin Et tout s'y croque à la sanguine {x2} Chez nous on mord à pleine bouche Dans le pain de chaque repas La servante sainte nitouche Rougit, ne vous y fiez pas Nos filles ne sont point farouches Marie, Ortrud et Godelieve Chaque soir allant au salut Écoutent les appels des grives Et puis ceux des garçons joufflus Debout à l'ombre des ogives {x2} Le vent du nord te rendra folle La mer clapote dans ton sang Sur ma jument je caracole Hue donc sous le ciel bleuissant Où les nuages batifolent Salut, peupliers en goguette Servant aux jardins de pâlis Toutes les bises vous soufflètent Et d'éternels torticolis Font se pencher vos silhouettes {x2} Salut, noble mère gigogne Tes seins percent la toile encore ils crèvent le drap sans vergogne Tu portes toujours fier le corps Qui sortit de son flanc Bourgogne