Mettre une thune dans l' chanteur mécanique
Vas-y, Frédéric
Au bistrot du coin
Le p'tit rond tourne, c'est vraiment très pratique
C'est beau l'électronique
Edison, merci bien
Parfois, c'est une bande de coyotes
Qui chante et crachote
Des sons qui rapportent
La machine grince et cahote
Y a rarement des gavottes
Mozart est à la porte
Où sont les bardes, les troubadouriens
Qui couraient les chemins
Avec leurs mandolines?
Ils sont réduits à vivre comme des chiens
Et sont comptés pour rien
Ils courbent l'échine
Avant eux, on voit les dompteurs
Les montreurs de filles et les montreurs d'ourses
Les gens n'écoutent plus qu'avec les yeux
Bouge donc un peu, mon vieux
Tu seras coté en bourse
Les inventeurs, les p'tits artisans, les indépendants
N' font plus qu' des cul-blancs
Ils deviennent des p'tits fonctionnaires
Vivent une vie d' pépères
Leurs rêves sont en l'air
Car les écus aussitôt venus
Sont vite perdus
Les idées s'envolent
Les percepteurs commencent par le beurre
Puis étouffent le cœur
Le génie s'étiole
Les Ronsard qui vivent aujourd'hui
Vont voir si leur rose en papier se fane
Leurs mijaurées sous leur parapluie
Font des minauderies
Leur cœur est en panne
Où est donc la vieille liqueur, la pierre philosophale, la douce ambroisie
Les arbres inventent heureusement toujours
Leurs feuilles aux beaux jours
Pour eux, c'est ça la vie
Mettre une thune dans l' chanteur mécanique
Vas-y, Frédéric
Au bistrot du coin
Le p'tit rond tourne, c'est vraiment très pratique
C'est beau l'électronique
Edison, merci bien!
Merci, Edison!