Je vivais à la tâtonneuse
Dans les coulisses de l'exploit
Mâchonnant une tubéreuse
Pensant un peu, beaucoup à toi
Puis pas du tout, il faut le dire
Tout franchettement, mon petit
Les piranhas du souvenir
Ramenaient les effluves d'un lit
Faut-il partir pour le polaire
Horizon et rapporter
Le saxifrage du Spitzberg
Dans du papier glacé?
Moi qui ressemble à s'y méprendre
Aux tulipes noires des prés
J'étais prêt à t'offrir Port-Vendres
Où je ne suis jamais allé
La la la...
Ton père disait "Les mouches d'or
Se posent aussi sur le crottin"
Les pistons de mon cœur sans port
Cognaient. J'avais comme un chagrin
Et ma petite voix d'insecte
Ne pouvait rien contre le bruit
Je mêlais ma complainte sourde
Aux cris du fleuve, le samedi
C'était l'époque du six brumaire
Je collectionnais les galets
Je déplaçais les bords de mer
Dans le sable de mes palais
Et dans la fraîcheur de l'aube
Aux frétillements des papillons
J'ajoutais les vers d'un rhapsode
Aux myriapodes des klaxons
La la la...
Penché sur moi, le vieil Homère
Buvait tranquillement son thé
Nous vivions à la p'tite semaine
Virgile nous téléphonait
Vous étiez toujours absente
Aux rendez-vous de nos lectures
Vous dormiez dans une autre chambre
Près de la Baraque Fraiture
Sur une boite de bonbons
Je vis votre photo soudaine
Vous donniez à un garçon long
Votre main, la faridondaine
Tandis qu'un clown au rire sanglant
Essayait de vous faire sourire
Petite fille, vous aviez vingt ans
Et vos dents étaient d'origine
La la la...
Parcourant les supermarchés
À la recherche du photographe
Je sus que vous aviez quitté
L'Europe aux anciens parapets
Je me rendis au bord des mers
Et rêvai lentement sur le sable
À la fragilité du verre
Du cristal du Val Saint-Lambert
Si j'ai reçu depuis de vous
Quelques messages télépathiques
C'est grâce sans doute aux satellites
Et votre voix qui sur Telstar
Se cogne, venant du bout du monde
Piège pour mon cœur encore plus noir
Un peu meurtri dans sa faconde
Qui vous cherche toujours le soir
La la la...
Qui vous cherche toujours le soir