J' t'écris cette lettre sur le bord d'une route vers Vierzon C'est la panne sèche et j'ai le temps, la mer est vaste J'écris c'est pour te dire adieu, ça sert à rien puisque je pars Mon amour, je suis a**is sur le cul au fond de l'eau dans ma détresse Les poissons sont des instants vides, on se regarde avec l'air con Le bateau qui faisait eau de toutes parts c'était mon âme J'écopais tant que je pouvais, tu ne voyais rien, je tenais bon Tu aimais te brûler les ailes aux maladies des papillons T'as trop souvent crié "J'ai mal" ou "Je me noie, à l'aide!" Je tenais bon mais je fatiguais la courroie du cœur, la transmission T'as pas fait gaffe a**ez, t'as pris ton mal pour un mâle T'as cru que tu pouvais cogner, gémir et sauter dessus à pieds joints Tu pensais "C'est de l'acier sous les doigts, du ventre à chou, de la tête de Breton" Le bulldozer a ca**é un piston dans une montée de l'oreiller, il crève La cordée s'est perdue sur la face nord de l'âme à terre dolorosa
Les hommes, je ne vois que ça dans les fossés, le ventre ouvert Les petites nanas vingtième siècle, les rats ferrés pa**ent sans voir Sans doute elles s'en vont battre au lavoir leur gros panier de problèmes Ah Dieu! Hélas! Tu pleureras d'ailleurs bien moins, une fois seule Tu voudras pas emmerder ton prochain maintenant que t'es ton plus proche voisin Moi, je regretterai la soupe au lait au lit, le licol aigre-doux La petite commode Bovary tellement encombrante Et ton intelligence comme une liqueur qui me serrait le cou Ah, Dieu! Désormais tu diras "Moi je" toute seule pour ta glace Et ta glace, c'est sûr, elle t'a**umera bien mieux que moi Tu iras dormir seule enfin quelle paix dans l'océan des draps Plus personne, Dieu merci, pour te parler tout bas, d'être un objet s**uel Je pourrais tomber en panne sèche sur les routes, personne pour râler Et moi j'irai peinard avec mon bidon vide au long des prés