Dans le grand grenier de mon âme J'étouffe très discrètement Je respire mais j'ai la bouche Pleine de toiles d'araignées Je fais de grands pas immobiles Je crie mais je ne m'entends pas Il y fait une chaleur moite Dans un bric-à-brac indécent J'y vois des bons dieux à crinières Sortir des cartons à chapeaux Mes amis révolutionnaires Courent en rond le cul à l'air Sur le vélo de mes dimanches Vient un épicier à pompon Puis une femme un peu trop vieille Le ventre blanc et les bas noirs S'écroule dans les étagères Sur les genoux d'un sénateur
En robe de mariée ma mère Pleure en silence dans un coin Entre des gravures de mode Et les napperons des chrétiens Papa tient les cordons du poêle Et les genoux du général Les goupillons de la morale Et ceux de la révolution Contre une fille au torse nu Le jupon très bas sur les hanches Qui voudrait m'apporter à boire Et qu'on traque dans les bouquins J'arrive enfin à la fenêtre Mais quand je vais sortir au jour Je meurs coincé dans la photo Figé dans un sourire immense Juste à côté du temps qui pa**e Et qui me fait un grand "Salut!"