Ceux qui sont morts tués par balles ne dorment pas
Ils attendent qu'on vienne, ils n'ont pas froid
Je suis nu, prends-moi dans tes bras, essuie la terre
Couvre-moi de la couverture où point par point
Sont dessinés les noms des camarades
Tu verras, si tu me mets debout, je suis vivant
J'entends au travers des feux de salves
J'entends les amis de France, je les entends
Ce caillot de sang qui monte de ma gorge
C'est le nom d'un ami que je ne connais pas
Un étudiant emmitouflé dans la paix civile
Une jeune fille en grève qui en impose à la nuit
Un ouvrier de la ceinture rouge dans une salle vide
À Paris, rue Lacépède, un jeune homme qui lit
En première page du journal "Ils ont tué le Chili"
Ça n'est pas vrai, je suis debout, je suis vivant
Ô camarades de Paris ne dites pas
Que vous avez honte parce que votre cri ne porte pas
Je suis vivant, je suis debout, je vous entends
Votre joie claque, j'entends votre joie