Rongé par le chagrin? Oui... Et alors? Les forteresses
Sont rongées par l'or des années, par les rôdeurs de grands chemins
Les lierres fous mangent les murs des villes mortes qui s'affaissent
Et chaque soir qui tombe aussi les ronge, et l'insolence du matin!
Rongées par le chagrin, oui, les villes déchues... Mais leur faiblesse
N'empêche pas qu'elles tiennent debout pourtant, pour rien
Et leur noblesse durera. Des siècles de tristesse!
Les empires aussi sont seuls: personne ne leur tend la main
Voyez comme le fleuve ici est rongé par ses plages
Vous croyez que ce sont elles qui le rendent plus sage
Le dirigeant. Or il n'en perd aucunement ses forces, son allant
Son chant est-il pour vous moins beau d'être tenu dans ce carcan?
Tenu par le chagrin, comment croyez-vous donc qu'on vive?
Les gens, comment font-ils avec tout ce malheur qui leur arrive?
Ils sont des forteresses plantées dans les jours et qui dérivent
Ils sont une force contenue dans ses rives. C'est le chagrin qui les tient
Elle resplendit au couchant et soir après soir, la plaie vive
Le chant va à la mer, comme à la dernière page du livre
L'homme survit. Voyez, debout, plus beau de désespoir humain!
Et d'attendre quelqu'un, quelqu'un , quelqu'un, quelqu'un, quelqu'un, quelqu'un