On jurera que tes grands yeux parjures craignent quelque chose Ta pudeur lancera démentis et aveux J'y croirai comme qui l'enlève croit la rose D'un vase ou sur ta lèvre un rire et tes cheveux Une radio enfouie dans le salon immense, un jazz morose Très digne et une fumée de blonde fine y jouera un peu Comme en sourdine son parfum dans l'odeur du cuir nous compose Le vain décor que pour le désir on se veut Bien sûr tu tricheras et plus en t'approchant parmi les palmes Et sous les pales de l'hélice pulsant l'air tu sentiras En toi et par tes fluides habiles et pâles Gonfler les cuivres où fondre bien des soleils calmes Puis comme les effluves du mal sont des lianes ou des feuilles
Fervente tu t'accroupiras savamment parmi des dentelles Pour les cueillir mais animale aussi comme humaine Et de la lenteur qu'on s'enivre et je te veuille Nous serons un après-midi d'été doux comme un col de cygne La pénombre factice avec le store en osier on fera Propice et ce mot sourire à l'intérieur nous fera Et nous nous aimerons échangeant comme au bal des signes Tandis qu'ailleurs tout près les gens dans la cohue des villes Iront chacun pour soi surtout ne sachant pas Et nous frôlant et cette déraison tranquille Nous aimerons par jeu nous donner comme deux beaux voleurs