Un beau créneau, je range ma vocation contre le trottoir
La porte claque avec un bon bruit apaisant
La foi s'écaille un peu à la longue par endroit
Mais on démarre encore au quart de tour même quand il fait froid
Quelques pas dans la rue. Je signe en bas de la douceur des choses
Je fais pisser mes muses, je converse avec les pollens
Heureux ou malheureux, triste ou gai, mais quelle importance?
J'attends des nouvelles de moi. Je m'impatiente pas
C'est fou c' qu'on est peinard quand on est seul
Et tranquille quand y a pas les autres
Je plonge dans l'appartement d'où je surplombe le monde
Je m'enferme dans ma boussole. Je mets le cap sur moi
Chaque chose à sa place, je vais, je viens, je règne, je rôde
Je m'occupe du temps qui pa**e et j'en règle le thermostat
À poil plus ou moins, poursuivant mes travaux sans hâte sur moi
Et mes rapports avec l'hédonisme et avec moi
J' suis tellement bien, tellement à poil et tellement moi
Qu'il me manque un vers pour terminer ce couplet. Ça m'affole pas
C'est fou c' qu'on est peinard quand on est seul
Et tranquille quand y a pas les autres
Je règle mes draps et au lit, sans regret, sans haine, sans personne
Je pense à ce à quoi les gens sains, vous pensez bien, ne pensent pas
Je tire sur ma pipe d'opium livrée par Dieu tout secrètement
À tous ceux qui en font la demande et sans aucun supplément
Et puis, un peu comme tous les soirs, je me raconte mon rôle
Dans l'affaire de "Little Big Horn" et dans celle du "Train bleu"
Au pa**age j'écris encore un ou deux vers très beaux, très pieux
Tels que: "Dans combien de vies as-tu vécu, Élisabeth?"
C'est fou c' qu'on est peinard quand on est seul
Et tranquille quand y a pas les autres
Ce qui est bien surtout c'est qu'Élisabeth ne me répond pas
Elle est ailleurs, elle dort déjà sans doute, maussade et belle
Et se plaignant du manque de tendresse dans d'autres bras
Est pas aimée comme il faudrait par quelqu'un d'autre
Ce qui est bien surtout c'est qu'Élisabeth ne me répond pas
Elle est ailleurs, elle dort déjà sans doute, maussade et belle
Et se plaignant du manque de tendresse dans d'autres bras
Moi, tenant mon sceptre dans ma main, je m'endors dans ma couronne
C'est fou c' qu'on est peinard quand on est seul
Et tranquille quand y a pas les autres